Le ministre du Pétrole et des hydrocarbures, esquisse le bilan des deux années déjà passées à la tête de ce département ministériel, aborde dans un entretien avec le quotidien pro gouvernemental, le climat social au sein du secteur pétrolier, les nouvelles orientations stratégiques de valorisation de la filière ainsi que la situation du nouveau code des hydrocarbures. Quel bilan faites-vous de votre action à la tête du ministère du Pétrole au bout des 24 derniers mois ? En termes de bilan, nous pouvons retenir les efforts que nous avons consentis pour apaiser le climat social à travers l’instauration d’un dialogue permanent au sein du ministère et dans l’industrie, notamment l’ONEP (Organisation nationale des employés du pétrole), principal interlocuteur. C’est pour nous un impératif au regard de la grogne sociale dans le secteur au moment de notre nomination. Pour le chef de l’Etat, l’apaisement du secteur était une exigence pour permettre à l’industrie de travailler sereinement à la relance dudit secteur plombé par la crise du marché pétrolier. Qu’est-ce qui a été fait concrètement ? Nous nous sommes employés sans répit à ramener l’accalmie dans les sociétés agitées par les grèves telles que Shell Gabon, Maurel&Prom, ESS Gabon, Addax et plus récemment encore Total Gabon. Je pense qu’aujourd’hui, chacun peut observer les efforts qui ont été consentis par le ministère du Pétrole pour ramener la sérénité dans le secteur au moment où nous observons une certaine embellie dans la commercialisation des bruts gabonais. Aussi avons-nous en ligne avec les orientations du président de la République, élaboré un plan de redéploiement du secteur principalement axé sur l’implémentation d’une équipe d’intégration de haute facture capable de relever les défis du secteur, la conduite du changement, afin de mettre en place des outils de gestion à même de mieux appréhender les contraintes de la volatilité du marché pétrolier mondial, ainsi que la formation des ressources humaines pour le renforcement des capacités des personnels et l’innovation à travers le biocarburant et l’intégration de la filière gaz en vue de diversifier le secteur. Au regard de la tendance baissière des chiffres de la production nationale, s’achemine-t-on vers la fin de l’ère pétrolière au Gabon ? On peut observer qu’en 2018, la production nationale avoisine les 71 millions de barils soit 9,72 millions de tonnes métriques. Ce chiffre correspond à une situation de déclin de la production par rapport au pic enregistré en 1997. C’est pourquoi le département ministériel dont j’ai la charge, a élaboré et mis en œuvre un plan stratégique d’exploitation et de valorisation durable de cette matière première. Ce plan s’articule autour de deux orientations majeures adoptées comme guide de l’action gouvernementale à mener au cours des cinq prochaines années, savoir renforcer la dynamique d’ouverture sur le marché mondial et le développement des partenariats afin de stimuler la promotion du domaine pétrolier libre et le développement des découvertes d’hydrocarbures. Parallèlement à ces travaux de recherche pétrolière dont les résultats prennent plusieurs années avant d’être connus, nous encourageons le redéveloppement des champs matures et la mise en production des découvertes de petites et moyennes tailles. A cet effet, et à titre d’illustration, au cours de l’année 2018, nous avons enregistré la mise en production des champs tels Tortue (BWE), ainsi que Assewe et EOV (Perenco). A l’évidence, l’activité pétrolière demeure la principale source de revenus de l’Etat et a encore de beaux jours devant elle. Au titre de l’année 2018, les recettes pétrolières se situent à 450 milliards Fcfa pour les neuf premiers mois de l’année. Quel est aujourd’hui la contribution du secteur pétrolier dans la réussite du plan de relance de l’économie ? Je puis aisément vous décliner le principal apport sectoriel du ministère du Pétrole au PRE à travers le document de redéploiement stratégique 2017-2022 du secteur pétrolier élaboré par le département des hydrocarbures. Ce document, outre les réformes structurelles axées principalement sur la révision du code des hydrocarbures, est un véritable catalyseur de la relance du secteur. Sur le plan social, nous avons élaboré un nouveau modèle économique de gestion du Fonds pour le développement des communautés locales, basé sur la notion d’avantage comparatif théorisée par l’économiste David Ricardo. De quoi s’agit-il concrètement ? Nous jugions l’utilisation de ce fonds inappropriée face aux défis économiques et sociaux des communautés puisque nous consentions de gros investissements sans réelle valeur ajoutée économique. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement entend diversifier et décentraliser l’économie du pays afin de créer les conditions d’une croissance durable et inclusive sur toute l’étendue du territoire national et générer une véritable économie locale dans les zones aussi bien urbaines que rurales du pays. Ledit modèle vise à financer la création d’espaces entreprenariaux autour des zones d’exploration et d’exploitation pétrolières afin de permettre la croissance économique rurale grâce à la qualité de formation opérationnelle donnée aux populations notamment dans le domaine de l’agro-business. C’est la raison pour laquelle, nous avons pris attache avec le Centre Songhai, notre partenaire technique sur ce projet, afin de nous accompagner à mettre en place des solutions alternatives permettant aux populations de ces zones, de se prendre en charge par l’entrepreneuriat agricole ; tout cela dans une logique de développement intégral. En effet, le modèle économique prôné par le Centre Songhai, permet le développement holistique des secteurs (agriculture, élevage, pisciculture), secondaire (unités de transformation industrielles et semi-industrielles), et tertiaire (marketing, commercialisation des produits bio et communication). Ainsi, nous avons procédé à la signature d’un partenariat public-privé qui prévoit qu’avec l’assistance de Songhai et l’appui technique du ministère de l’Agriculture, nous transformions économiquement ces zones rurales proches des espaces d’exploration et d’exploitation pétrolière au Gabon. Le ministère du Pétrole a porté en 2018, un projet phare à savoir la refonte du code des hydrocarbures. Où en est-on aujourd’hui ? Toutes les étapes relatives à l’entrée en vigueur de ce code sont bouclées à 90% ; c’est-à-dire les contributions des acteurs du secteur, les débats entre les experts du ministère et les partenaires nationaux et internationaux, la relecture et la validation de l’Université de Houston ainsi que le cabinet Poulain choisis comme partenaires techniques. Toutes ces avancées ont permis la communication de Cape Town sur l’effectivité prochaine du code. Il convient tout de même de relever qu’en tant que projet transversal entre différentes entités gouvernementales et le Parlement, les navettes législatives sont en cours et le Parlement pourra adopter en loi, le présent code révisé avant la promulgation par le chef de l’Etat. La loi ainsi promulguée, permettra assurément au regard de tous les efforts d’assouplissement et d’attractivité consentis, de renouer avec la signature de contrats d’hydrocarbures qui fait défaut depuis 2014, année de publication de la loi pétrolière en vigueur. Quels sont les résultats attendus ? Comme résultats attendus, le nouveau code permettra aux opérateurs installés de conduire de nouveaux projets de prospection pétrolière sur l’ensemble du bassin sédimentaire. Il facilitera par ailleurs, la réalisation d’investissements directs étrangers sous forme de nouvelles acquisitions de blocs pétroliers. Ensuite, il permettra la diversification durable de notre économie en y introduisant des secteurs porteurs tels que l’exploitation des ressources gazières et les biocarburants. A titre de résultats directs escomptés, nous pouvons espérer une meilleure contribution du secteur des hydrocarbures à la formation du PIB au travers de nouvelles découvertes commerciales. Au titre de résultats indirects, il y a lieu d’espérer une augmentation de l’offre globale d’emplois sur le plan national, dopée par un secteur des services pétroliers plus dynamique. Tout cela au profit d’une préférence nationale. Enfin, comme autres éléments positifs, la refonte de la loi pétrolière permettra de disposer d’un code des hydrocarbures plus flexible et attractif pour les acteurs de l’industrie, d’améliorer le cadre contractuel des relations Etat/industrie pétrolière, de rassurer les opérateurs pétroliers de l’existence d’une administration saine et dynamique, de faire la promotion du bassin sédimentaire à travers l’assouplissement des règles d’accès et d’ouvrir notre pays au marché international, grâce aux avantages offerts par un cadre juridique, économique et fiscal plus attrayant. ]]>
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