Pendant que le pays baigne dans des séminaires, des forums et tous ces événements qui engloutissent énormément de fonds, c’est une éducation qui se meurt progressivement sous le regard coupable des autorités compétentes. L’université Omar Bongo (UOB) n’est plus que l’ombre d’elle même tant les difficultés sont devenues l’apanage des étudiants.
Les universitaires réclament de meilleures conditions d’études afin d’optimiser leurs résultats scolaires. Le passage en classe supérieure est un vrai parcours du combattant et malgré toutes les revendications faites, la situation est la même depuis des années. « Apprendre à l’UOB n’est pas chose aisée, je suis détenteur d’un master en science économique et pour l’obtenir je me suis battu comme un diable. La persévérance et le travail sont les maîtres mots pour réussir ici. Ce n’est pas impossible mais c’est clairement difficile», a confié Ndong Andrys, ancien étudiant de l’UOB
Les maux de l’UOB
L’université Omar Bongo, qui a fait longtemps la fierté du pays, ne constitue plus aujourd’hui le premier choix des étudiants et nouveaux bacheliers. Ceux qui y sont passés, même le temps d’une semaine, dénoncent de nombreux maux.
Les effectifs pléthoriques constituent un frein à l’apprentissage. Certains amphithéâtres conçus pour accueillir 8000 étudiants se retrouvent avec près de 30 000 apprenants. Les professeurs sont débordés, le suivi est impossible et la correction des copies est difficile. « Ici en première année de faculté de droit c’est à peine si tout le monde trouve une place. C’est la chine populaire. Du coup on a du mal à suivre les cours et cela se ressent sur nos notes. Très peu d’étudiants réussissent à passer en deuxième année sans reprendre la classe. Mes amis et moi avons tous repris mais on compte faire mieux cette année », a déclaré Obone Caprice, étudiante en première année.
Cette année, les étudiants ont du faire face à la hausse des frais de scolarité qui sont passés de 9 000 Fcfa à 35 000, 75 000 et 100 000 Fcfa, respectivement pour les cycles licence, master et doctorat. Si d’aucuns ont pu réunir cette somme plus ou moins aisément d’autres ont du se battre férocement pour réussir à s’inscrire.
Le campus universitaire qui était un véritable soulagement pour les nouveaux bacheliers de l’intérieur du pays peine à rouvrir ses portes. Conséquences : ces derniers éprouvent d’énormes difficultés à se loger. Certains sont obligés de se tourner vers la location qui n’est pas aisée, pire lorsqu’il y’a absence de revenus fixes. Quant à l’offre de restauration, elle s’est considérablement dégradée après le départ de Sodexo pour des impayés par l’Etat gabonais de près de 10 milliards de Fcfa. A cela s’ajoutent l’éternel chantier de la bibliothèque, les voiries impraticables et la non– couverture en réseau Wi-fi.
« Lorsqu’on est issu d’une famille pauvre comme moi, ce n’est vraiment pas facile de réussir. Je suis originaire de Franceville et je vis chez ma tante depuis que j’ai eu le Bac. Avec tout l’argent que l’on nous demande, on ne sait pas toujours comment faire pour le trouver. La bourse ne suffit pas. Certains filles s’adonnent à de mauvaises pratiques pour payer le taxi, se nourrir, se vêtir et acheter tout ce dont elles ont besoin pour bien apprendre», a confié Kessedjambi, étudiante en sociologie.
Le harcèlement demeure toujours un sujet tabou au sein de l’UOB, les étudiants n’osent pas en parler réellement. Selon quelques indiscrétions cette pratique est courante « A l’UOB plusieurs jeunes filles entretiennent des relations avec leurs professeurs. Ces dernières sont généralement approchées par des étudiants lorsqu’elles suscitent l’intérêt d’un professeur ou parfois le professeur lui même se lance directement. S’ il est vrai que des menaces ne sont pas clairement prononcées en cas de refus, les jeunes filles pensent souvent qu’elles mettent fin à leur progression à l’UOB si jamais elles refusent les avances d’un professeur. Donc plusieurs disent oui sous l’influence et malgré elles. Mais nous avons également celles là qui séduisent elles même les professeurs » nous a affirmé un étudiant sous couvert de l’anonymat.
En quête de solutions définitives
Les étudiants des deux Facultés que compte l’Université Omar Bongo ne demandent qu’une chose : la résolution des multiples problèmes fonctionnels qui minent le « Temple du savoir ».
Si les choses ne vont pas dans le sens de l’amélioration, les chances de réussite de la jeunesse gabonaise seront longtemps compromises. L’éducation est le socle de toutes sociétés. Le 16 aout 2018, à l’occasion d’un discours à la nation, le Président gabonais Ali Bongo a reconnu que « l’éducation est sinistrée ». Dans la foulée, il a annoncé la mise en place d’une task-force sur l’éducation avec pour mission de faire des propositions pour reformer le secteur. Depuis lors, on constate plutôt que les discours officiels ressemblent à la poudre de perlimpinpin.
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