Le tribunal correctionnel de Libreville a requis mardi soir dix ans de prison contre l’ancien député Bertrand Zibi Abeghe, accusé d’être impliqué dans les violences post-électorales d’août 2016 qui ont secoué le Gabon, a indiqué à l’AFP l’un de ses avocats.
“Le parquet a requis dix ans de prison, soit la peine maximale”, a déclaré son avocat Charles-Henri Gey, joint par téléphone.
M. Zibi est notamment poursuivi pour “instigation aux actes et manoeuvre de nature à provoquer des troubles ou manifestations contre l’autorité de l’Etat”, “instigation aux violences et voies de fait” et “détention illégale d’arme à feu”.
Bertrand Zibi, député du parti au pouvoir (Parti démocratique gabonais, PDG) en avait démissionné avec fracas au cours d’une réunion publique en présence du président Ali Bongo Ondimba en juillet 2016. Une sortie très médiatisée, juste un mois avant la présidentielle du 27 août 2016 qui a abouti à la réélection contestée d’Ali Bongo.
Il avait été arrêté le 31 août 2016, au siège du candidat de l’opposition Jean-Ping, au moment des graves violences post-électorales ayant suivi la proclamation de la victoire du président sortant: manifestations, interpellations par centaines, Assemblée nationale incendiée, assaut des forces de sécurité contre le QG de Jean Ping.
“M. Zibi avait ensuite été transféré à la maison d’arrêt et n’en est plus jamais sorti depuis”, avait affirmé la veille de l’ouverture du procès l’avocat à l’AFP. Mais “il est décidé à prouver son innocence devant les juges (…). Il a le moral d’un combattant, le moral d’un guerrier”.
Convaincus de l’innocence de leur client, les conseils de Bertrand Zibi ont déconstruit cette réquisition en demandant la relaxe pure et simple de leur client. Pour l’un d’eux, maitre Henry Moutendi Mayila plus précisément, «le dossier est monté de toutes pièces et émaillé de procédures d’enquêtes bâclées pour condamner à tout prix afin de lui faire payer sa démission du 23 juillet faite devant Ali Bongo à Minvoul»
Après avoir entendu les parties au procès, le juge a fixé le délibéré de l’affaire au mardi 23 juillet.
“M. Zibi est un personnage politique et les faits ont eu lieu à une période politique sensible, ce qui donne à ce procès une dimension politique”, a estimé Me Gey, toutefois confiant dans la justice gabonaise pour qu’elle réussisse à “détacher les infractions des circonstances dans lesquelles les faits ont eu lieu”.
Au cours des violences, le gouvernement avait fait état de trois morts. Une partie de l’opposition et de la société civile affirme avoir identifié une trentaine de morts et parle de disparus.
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