Incarcéré depuis mai 2017 dans le cadre d’un premier volet de l’affaire, cet ancien médecin est soupçonné d’avoir agressé des dizaines d’enfants entre 1989 et 2017.
L’affaire a pris une ampleur inédite, devenant le plus important scandale de pédophilie en France. Le chirurgien à la retraite Joël Le Scouarnec, qui a officié à Vannes, Lorient (Morbihan), Loches (Indre-et-Loire) et Jonzac (Charente-Maritime) de 1989 à 2017, aurait fait « deux cent cinquante victimes potentielles de faits non prescrits de pédophilie identifiées au cours de l’enquête », a annoncé lundi 18 novembre le procureur de la République de La Rochelle, Laurent Zuchowicz.
L’ancien médecin, âgé de 68 ans, est incarcéré depuis mai 2017 dans le cadre d’un premier volet de cette affaire, pour lequel il comparaîtra du 13 au 17 mars devant la cour d’assises de Saintes (Charente-Maritime).
Le chirurgien avait été confondu à la suite de la plainte des parents d’une fillette de Jonzac (Charente-Maritime) au printemps 2017. Il avait été mis en examen en mai de cette même année et est depuis en détention provisoire. Près de deux ans après, le 25 mars 2019, il a été renvoyé aux assises pour des agressions sexuelles et des viols commis sur la jeune victime dont le récit a tout déclenché, mais également sur deux de ses nièces et une quatrième victime qui se sont manifestées ensuite. Les faits reprochés courent de 1989 à 2017, période pendant laquelle le chirurgien a exercé en Bretagne, en Touraine et en Charente-Maritime, à l’hôpital de Jonzac. Le médecin encourt déjà une peine de vingt ans de réclusion.
« Souvenirs précis »
Mais à côté de ce que le parquet de La Rochelle a qualifié de « premier volet », l’enquête s’est poursuivie pour identifier et entendre d’autres éventuelles victimes dans l’entourage proche ou professionnel de l’accusé. Car au cours d’une perquisition au domicile du suspect, un carnet a été retrouvé par les enquêteurs comprenant plus de deux cents noms d’enfants. Il répertorie les garçons d’un côté, et les filles de l’autre avec les noms et les prénoms, et parfois les coordonnées. Dans ce carnet, le chirurgien décrivait des scènes sexuelles, des « fantasmes » selon sa défense. Des images pédopornographiques, des poupées cachées dans le plancher et des perruques avaient également été retrouvées.
Parmi les deux cent cinquante victimes identifiées, « deux cent neuf ont pu être auditionnées, plusieurs d’entre elles faisant état de souvenirs précis », stipule le communiqué du procureur ajoutant que « cent quatre-vingt-quatre ont souhaité déposer plainte ». Selon le parquet de La Rochelle, sur cent cinquante-neuf faits de nature criminelle et/ou délictuelle suspectés entre avril 1991 et janvier 2014, cent se seraient déroulés dans le Morbihan et vingt-trois dans le Finistère.
« Compte tenu du résultat de ces investigations, le parquet de La Rochelle s’est dessaisi au profit du parquet de Lorient », qui poursuivra l’enquête, a conclu Laurent Zuchowicz.
Avec le Monde
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