Le gouvernement de transition qui a été nommé le samedi 09 septembre 2023, a pour Ministre de la Justice, Monsieur Paul-Marie Gondjout ( PMG).SOS Prisonniers Gabon exprime ses sincères félicitations au nouveau Ministre de la Justice de la transition. Cependant, le premier constat que nous pouvons faire est sur la nouvelle dénomination de ce Ministère. Avant la prise du pouvoir armée, ce département était dénommé “Ministère de la Justice, Garde des Sceaux, chargé des Droits de l’Homme et d’égalité des Genres.”
En tant que défenseurs des droits humains, nous sommes surpris de constater que “les droits humains” ont disparu de la dénomination. Est-ce à dire que les droits de l’homme ne riment pas avec la transition ou est-ce un simple changement sémantique ? Au cours de ses différents discours, notamment lors de la rencontre du 1er septembre avec la Société Civile, le Président de la Transition a rappelé qu’il est attaché au respect des droits humains. Plus récemment, le 04 septembre, dans son allocution solennelle d’investiture, le Président de la Transition a une fois de plus promis de respecter les Droits de l’Homme et les engagements internationaux du Gabon.
La Charte de la Transition, publiée au journal officiel, fait pourtant une belle part à la promotion et à la protection des droits humains. SOS Prisonniers Gabon ne comprend donc pas pourquoi “les droits de L’homme” ont été extirpés de la nouvelle dénomination. Paul Marie Gondjout arrive à la tête de ce ministère à un moment historique de notre pays, à l’heure où l’armée gabonaise vient de redorer son image auprès du peuple gabonais. Il arrive aussi à l’heure où les magistrats sont en grève depuis plus de 8 mois.
En ce moment, la surpopulation carcérale bat son plein, avec des détentions préventives à n’en plus finir. Voici un premier enjeu majeur. Le nouveau Ministre de la Justice aura également pour défi de mettre fin à cette pratique bien ancrée au tribunal qui consiste à payer 10.000 fcfa par année de recherche pour obtenir un résultat d’audience ou une décision de justice. Il doit également mettre en place le Fichier du Détenu pour mettre fin aux disparitions de dossiers au tribunal et d’éradiquer les détentions abusives, notamment les cas de ceux qui se retrouvent encore en détention au-delà de leurs peines.
La question du respect du droit de vote des prisonniers est aussi à régler afin que lors de la prochaine élection présidentielle, les prisonniers puissent prendre part au processus électoral. Ils demeurent des citoyens à part entière en dépit de leur privation de liberté. Il faut aussi renforcer le droit à l’éducation en milieu carcéral, l’accès aux soins de santé de qualité en milieu carcéral. Le nouveau Ministre de la Justice devrait permettre aux associations qui œuvrent pour l’humanisation des prisons de mener leurs activités sans subir les menaces, les entraves par certaines autorités.
Enfin, Il faudra aussi la mise sur pied de la loi sur la Commission Nationale des Droits Humains, conformément aux principes de Paris, les réformes du Code Pénal et du Code de Procédure Pénale. L’urgence et les attentes des uns et des autres sont énormes et le nouveau Ministre ne devrait pas se permettre de temps de grâce. Nous espérons donc que le nouveau Ministre de la Justice aura la formule et fera tout ce que ses fonctions lui attribuent pour réconcilier la Justice et le peuple Gabonais, cette Justice qui est rendue au nom du Peuple… mais où le Peuple semble ne pas ou plus se reconnaître. SOS Prisonniers Gabon souhaite une très bonne réussite au nouveau Ministre de la Justice.
SOS Prisonniers Gabon, pour le respect des droits humains en milieu carcéral. HUMANISONS LES PRISONS
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