La lettre signée par des personnalités de la société civile est sans équivoque : elle demande au chef de l’État de renoncer à un cinquième mandat et en appelle à une transition pacifique, renseigne le Point Afrique. En Algérie, un groupe de quatorze personnalités nationales, dont l’écrivain Yasmina Khadra et l’ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour, a signé une lettre ouverte au président Abdelaziz Bouteflika où il l’appelle à renoncer à un éventuel cinquième mandat. « Si nous avons recours à la méthode épistolaire, c’est qu’à l’évidence, votre santé ne vous permet plus de recevoir des citoyens algériens. N’étant tenus par aucune obligation de réserve, nous serions susceptibles de révéler des réalités que beaucoup de personnes tiennent à occulter », précisent d’emblée ces personnalités. La question d’un cinquième mandat ouvertement posée Ce groupe d’intellectuels et de personnalités politiques rassure sur ses intentions. Il explique que sa lettre « ne porte en elle ni offense ni bilan à vous opposer ». « Au moment où des forces malsaines se mettent en branle pour vous indiquer le chemin du cinquième mandat, nous voulons, respectueusement mais franchement, venir vous dire l’erreur dramatique si vous deviez, encore une fois, refuser la voix de la sagesse qui interpelle chaque âme à l’heure des choix fatidiques. Et comme vous le savez, choisir, c’est renoncer », indique-t-il. Les signataires rappellent à Abdelaziz Bouteflika que « dans la vie, tout a une fin ». « Le moment est donc venu de rendre à la nation ce qui lui appartient. Quatre mandats sont raisonnablement suffisants pour qu’un homme accomplisse son œuvre et satisfasse ses ambitions », estiment-ils avant de souligner que son « âge avancé » et son « dramatique état de santé » lui « commandent de ne plus [s’]occuper des charges de l’État, bien trop lourdes ». « À n’en pas douter, un autre mandat serait un calvaire pour vous et pour le pays », assure le groupe. « C’est donc en toute conscience que, signataires de cette lettre, nous vous interpellons en faveur de la seule et unique décision qui puisse ouvrir une ère nouvelle pour le pays, où l’intérêt général sera mis au-dessus de l’intérêt des hommes : votre renoncement au cinquième mandat ! » insiste la même source, qui lui demande d’ouvrir la « voie à un changement pacifique » et de permettre « au peuple de s’affranchir de ce système dévoyé… » « Soyez l’homme qui clôture la légitimité révolutionnaire en permettant au pays de s’engager sur la voie de la légitimité populaire. Le pays attend de vous cette décision. » Le cercle du président Bouteflika pris pour cible Il s’agit de la première lettre ouverte à travers laquelle des personnalités s’adressent directement au président Abdelaziz Bouteflika pour le dissuader de briguer un cinquième mandat. Elle intervient au moment où les partisans du chef de l’État ont d’ores et déjà entamé une sorte de pré-campagne électorale. Parmi eux, le secrétaire général du FLN qui avait appelé, dès le début avril, le président à se représenter en 2019. « Les militants du FLN souhaitent que le président poursuive sa mission, entamée en 1999, à la tête du pays », avait affirmé Djamel Ould Abbès. Pour l’instant, le président Bouteflika, âgé de 81 ans, ne s’est toujours pas exprimé sur la présidentielle de 2019. Mais ses deux dernières sorties sur le terrain ont largement alimenté les spéculations. « Véritable bête politique et homme de pouvoir, l’on imagine mal, en effet, un Bouteflika, au plus fort de sa puissance, même diminué physiquement, organiser une élection présidentielle où il ne serait pas concerné ! » écrivait Le Soir d’Algérie au lendemain de l’inauguration de la mosquée de Ketchaoua par le chef de l’État en avril. La lettre ouverte des quatorze personnalités n’est pas la première initiative lancée contre la perspective d’un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. En septembre 2017, l’ex-ministre des Affaires étrangères Ahmed Taleb Ibrahimi, l’ancien avocat et vieux militants des droits de l’homme Ali Yahia Abdenour et le général en retraite Rachid Benyelles publiaient une tribune où ils avaient accusé l’entourage du président de préparer un cinquième mandat. « Forts de l’impunité dont ils ont bénéficié jusqu’à présent et persuadés qu’ils peuvent tout se permettre en l’absence de réactions significatives de la part des partis d’opposition et de l’opinion, les responsables de cette banqueroute poussent l’arrogance et le mépris envers les citoyens jusqu’à préparer la candidature pour un cinquième mandat présidentiel, d’un vieil homme impotent et incapable de s’exprimer. Trop, c’est trop ! » avaient lâché ces trois personnalités. Focus News Gabon ]]>
Algérie – Bouteflika : un cinquième mandat qui n'est pas du goût de tous
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