À l’heure où notre pays s’apprête à franchir une étape cruciale de son histoire avec le référendum constitutionnel à venir, je ressens le devoir, en tant que citoyen engagé pour l’avenir du Gabon, de m’adresser à vous tous. Ce référendum est un moment clé qui revêt une importance capitale pour l’avenir de notre nation. Une constitution est bien plus qu’un simple texte ; c’est la pierre angulaire sur laquelle repose le fonctionnement des pouvoirs publics, l’équilibre des institutions, et les droits et devoirs de chaque citoyen ; elle encadre l’exercice du pouvoir et établit les règles du jeu démocratique.
Son adoption ou sa modification ne saurait donc être prise à la légère. Par conséquent, la participation à ce processus est un acte de conscience civique que nous ne pouvons pas négliger, même si les circonstances entourant son organisation sont complexes et source de controverses. Le contexte dans lequel intervient cette consultation populaire est particulier. Depuis le 30 août 2023, notre pays a connu des bouleversements politiques importants. Le coup d’État militaire, justifié par la nécessité de corriger des dérives institutionnelles et de remettre le Gabon sur la voie de la stabilité et de la justice, a ouvert un nouveau chapitre dans notre histoire.
Cette transition est marquée par des promesses de réformes et de rétablissement de l’ordre démocratique, mais aussi par des craintes légitimes quant à la sincérité et à l’issue de ces engagements. La rédaction d’une nouvelle constitution, entreprise sous la supervision d’un comité désigné par les autorités de transition, a abouti à un projet de texte qui, selon de nombreux observateurs et analystes, conférerait des pouvoirs accrus et centralisés à la présidence. Cette proposition suscite des débats intenses, et les avis divergent quant aux implications qu’une telle constitution pourrait avoir pour l’avenir de notre pays. Pour certains, elle représente une issue vers un régime autoritaire ; pour d’autres, elle est perçue comme un passage nécessaire vers la stabilité politique.
Face à cet enjeu crucial, je ne souhaite pas vous dicter une position à adopter. Mon rôle n’est pas de vous dire comment voter. Chaque citoyen doit se forger sa propre opinion en son âme et conscience, en pesant les arguments des uns et des autres. Néanmoins, je tiens à vous exhorter solennellement à participer massivement à ce scrutin. Quelle que soit votre opinion sur le projet de Constitution qui nous est soumis, votre voix compte. S’abstenir, c’est laisser les autres décider à votre place de l’avenir de notre pays. Le choix qui nous est offert lors de ce référendum doit être fait en toute connaissance de cause. Il est donc impératif que chaque citoyen prenne le temps de lire le texte proposé, d’en discuter avec ses pairs, et de se poser les questions suivantes : ce projet de constitution correspond-il à notre vision commune d’un Gabon juste, prospère et démocratique ? Permet-il l’équilibre nécessaire entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ? Garantit-il les libertés et droits fondamentaux de chaque Gabonais ?
Il est naturel que des opinions divergentes s’expriment dans un tel contexte, et c’est même le signe d’une société dynamique et engagée. Ce que nous devons éviter, c’est de tomber dans le piège du désintérêt ou de la division stérile. Nous sommes tous concernés par l’avenir de notre pays, quel que soit notre point de vue sur le processus actuel ou sur ceux qui le pilotent. Je vous invite donc à vous informer en profondeur sur le contenu du texte proposé. Lisez-le attentivement, assistez aux débats, échangez avec vos proches. Interrogez-vous sur les changements qu’il apporte par rapport à la Constitution actuelle. Quelles sont les nouvelles dispositions ? Quels pouvoirs confère-t-il aux différentes institutions ? Quelles garanties offre-t-il en termes de respect des droits et libertés ? Posez-vous la question de savoir si ce texte répond aux aspirations profondes de notre peuple. Est-il de nature à consolider notre démocratie ? Permettra-t-il de résoudre les problèmes structurels auxquels notre pays est confronté ? Offre-t-il un cadre propice au développement économique et social auquel nous aspirons tous ?
L’appel que je vous lance aujourd’hui est celui de la responsabilité. Chacun de nous, quel que soit son parcours ou sa position, a le devoir de participer à la vie de la nation. Aller voter le jour du référendum, c’est accomplir un acte de foi en l’importance de la démocratie, même lorsque celle-ci traverse des zones de turbulences. C’est aussi un moyen de rappeler aux dirigeants que le peuple gabonais est attentif, informé et déterminé à défendre ses intérêts et ses droits. Il est essentiel de garder à l’esprit que la légitimité d’une constitution, comme celle de tout texte fondateur, repose sur l’adhésion et la participation du plus grand nombre.
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