Le jeune candidat du Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir) part favori du deuxième tour des élections législatives sur le premier siège dans le quatrième arrondissement de Libreville où il affrontera le président du Rassemblement Héritage et Modernité, l’une des principales figures de l’opposition. Sonné. C’est ainsi que ses proches décrivent Alexandre Barro Chambrier au soir du 6 octobre dernier, après l’annonce des résultats provisoires du premier tour des législatives. « Il était persuadé d’être élu avec une marge confortable. Mais les choses ne se sont pas passées ainsi », explique un de ses proches. Avec seulement 40,19 % des suffrages, celui qui se voyait déjà intronisé leader de l’opposition est, d’un coup d’un seul, descendu de son piédestal. Seul lot de consolation pour le président du RHM, la lourde défaite dès le premier tour des autres grandes figures de l’opposition (Guy Nzouba Ndama, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi…) qui ne pourront ainsi pas briguer le poste convoité de président du groupe parlementaire d’opposition à l’assemblée nationale. Pour tenter de faire bonne figure, Barro Chambrier, après avoir longuement hésité, a tenté de justifier sa contre-performance électorale en avançant un argument habituel : une supposée fraude de la part de ses adversaires. Une justification qu’il répète dans les médias, sans que son propre camp en soit totalement convaincu… En réalité, pour les observateurs sur le terrain, l’explication de ce score décevant du président du RHM lors du premier tour des législatives est double. Elle tient d’abord à sa campagne, jugée mauvaise, car focalisée sur la critique du pouvoir au détriment des propositions en matière d’emploi, d’éducation, de logement, etc. attendues par les électeurs. « A vouloir singer Jean Ping et faire de la critique du régime d’Ali Bongo l’alpha et l’omega de notre campagne, nous nous sommes tirés une balle dans le pied », reconnaît avec lucidité un des principaux lieutenants de Barro Chambrier. La contre-performance électorale de Barro Chambrier Mais la contre-performance électorale du président du RHM le 6 octobre dernier s’explique probablement avant tout par la résistance que lui a opposé son principal adversaire et à laquelle il ne s’attendait pas. Séverin Pierre Ndong Ekomi (qui a réuni 38,78 % des voix lors du premier tour) a beau être le candidat du parti au pouvoir, le PDG, Barro Chambrier, l’une des grandes figures politiques gabonaises, était persuadé de « n’en faire qu’une bouchée », comme le trompetaient ses proches à la veille du premier tour. Et pour cause, c’est la première fois que ce jeune entrepreneur, dirigeant d’une PME et père de cinq enfants, se présente à une élection. Né il y a 41 ans à Makokou, chef-lieu de la province de l’Ogooué-Ivindo, dans le nord-est du pays, Séverin Pierre Ndong Ekomi est installé de longue date dans un quartier très populaire du quatrième arrondissement de Libreville, Akébé-Djougou. Aîné d’une famille de six enfants dont il s’est toujours occupés, ce fils d’un policier et d’une infirmière d’Etat est très populaire dans son quartier. « Il est un des nôtres. C’est notre grand frère », explique Steeve qui le connait depuis longtemps. « Il vit comme nous. Il s’habille comme nous, en jean et en basket. Il a les mêmes préoccupations que nous », ajoute David qui le salue tous les jours. « Il n’est pas comme les autres politiciens qui viennent ici avec leur gros 4×4, en costume et en cravate et qui ont peur de marcher dans la boue », fait remarquer Martine, une commerçante du quartier, mère de trois enfants, qui poursuit : « et après, une fois que les caméras et les appareils photos ne sont plus là, ils repartent dans leur maison dans les beaux quartiers ». Une critique à peine voilée à l’endroit de Barro Chambrier. Le PDG a joué la triple carte du renouvellement, de la jeunesse et de la proximité « C’est là l’explication principale du résultat médiocre d’Alexandre Barro Chambrier lors du premier tour des élections législatives », confirme un universitaire, spécialiste de sociologie électorale à l’UOB, qui connait comme sa poche la plupart des arrondissements de Libreville. « Pour espérer battre l’un des principaux leaders de l’opposition, le PDG a joué la triple carte du renouvellement, de la jeunesse et de la proximité en investissant Séverin Pierre Ndong Ekomi. Au vu du résultat, ce choix a manifestement été payant. D’autant que le camp du RHM, très confiant avant le scrutin, ne s’est sans doute pas suffisamment méfié, persuadé qu’il était de l’emporter haut-la-main dès le premier tour », conclut l’universitaire. A l’occasion de la campagne, Séverin Pierre Ndong Ekomi a découvert la grande violence qui prévaut dans le monde politique où les coups tordus sont monnaie courante. Mais pas de quoi cependant déstabiliser Séverin Pierre Ndong Ekomi. « Il ne s’agit que d’une péripétie qui fait le buzz quelques jours sur les réseaux sociaux et dans quelques médias. Mais ça n’est pas ça qui influe sur le vote lors d’une élection législative. » Pour les observateurs, l’essentiel, le fondamental, sont les mathématiques électorales. Et celles-ci penchent nettement en faveur du jeune candidat du PDG. Mardi dernier, la candidate arrivée troisième lors du premier tour avec 15,13 % des voix, Patricia Carlie Taye, épouse Zodi, du Centre des libéraux réformateurs, lui a apporté son soutien, renforçant du coup très fortement ses chances de victoire lors du deuxième tour. Verdict final le 27 octobre prochain. Source : Lalibreville.com]]>
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