Attendu et repoussé, le projet de monnaie unique pour la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, pourrait enfin voir le jour en 2020.
Réunis à Abidjan les 17 et 18 juin, les ministres des Finances et les gouverneurs des Banques centrales des quinze pays de la CEDEAO ont exprimé leur volonté d’accélérer le chantier de la monnaie unique. L’objectif : la lancer le plus rapidement possible et réussir à l’instaurer en 2020.
Si le Maroc a présenté sa candidature d’adhésion à la communauté en février 2017 et s’est plus tard engagé à adopter la nouvelle monnaie unique, sa possibilité d’adhésion reste floue et doit encore faire l’objet de nombreuses négociations.
La première mission de cette nouvelle monnaie serait de remplacer le controversé franc CFA et d’harmoniser 7 autres monnaies nationales. Créée en 1975, la CEDEAO regroupe aujourd’hui quinze pays totalisant 300 millions d’habitants, dont 180 pour le seul Nigéria, poids lourd de la zone. Le président de la Commission, l’Ivoirien Jean-Claude Brou, a rappelé qu’il s’agissait d’un important “chantier lancé par les pères fondateurs” de l’organisation et qu’il représentait “l’objectif ultime de l’intégration”des pays de l’Afrique de l’Ouest.
Une monnaie pas encore trébuchante
Mentionné pour la première fois il y a 30 ans, le projet de monnaie unique, pilier de l’ambition de la CEDEAO, a pourtant été repoussé à de nombreuses reprises avant d’être annoncé pour 2020. En décembre 2018 , à Abuja, un sommet de l’organisation sous-régionale a permis de désigner un groupe d’experts après avoir adopté une nouvelle feuille de route en février de la même année. Des représentants des Banques centrales, experts, chercheurs et juristes travaillent depuis sur des propositions de “noms et de signes dans le cadre de la mise en oeuvre du programme de la monnaie unique de la CEDEAO”.
“La monnaie unique n’est plus une utopie technocratique”, a réaffirmé le ministre ivoirien de l’Economie et des Finances, Adama Koné. Il reconnaît pourtant que “le chemin restant à parcourir est parsemé de nombreux défis”. Parmi ces défis, il faut encore débattre de la nature précise de la banque centrale qui sera en charge de la nouvelle monnaie. Des problématiques qui seront examinées par les chefs d’Etat et de gouvernement lors de leur prochain sommet à Abuja le 29 juin.
Mais la monnaie semble déjà prendre forme. En marge des discussions sur le nom qui serait “Eco”, “Afri” ou “Kola”, un régime de change a été décidé. Il sera flexible, et par conséquent non indexé sur une autre monnaie, comme l’est actuellement le franc CFA par rapport à l’euro. La mise en place reste pourtant lointaine. Un rapport interministériel sur la question explique que les déficits budgétaires dans la région se sont creusés, puisque seulement 5 pays respectent la norme attendue pour mettre en place la monnaie. Pour l’expert en relations internationales et stratégiques dans la CEDEAO, le docteur Maurice Mahounon, “du côté des pays francophones, les problèmes ne se posent plus, mais du côté anglophone si, puisque chaque pays a sa monnaie. Mais ils essayent d’aplanir ces divergences pour qu’en 2020 la monnaie puisse démarrer”.
Avec TelQuel
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