Le paysage de la littérature gabonaise, bien que plongé dans les turpitudes de la pandémie de la Covid19, semble bien se porter à en croire le nombre de livres qui sont publiés ces deux dernières années. Le confinement a semble-t-il été aussi bénéfique pour certains auteurs qui n’ont finalement eu d’autre choix que de renouer l’amitié intestinale qu’ils avaient avec la feuille blanche et l’encre.
Parmi donc ces auteurs figure le jeune écrivain gabonais Marcel Nguiayo Effam. Déjà auteur d’un recueil de nouvelles au titre très polémique ‘‘ Si je mens je baise ma mère”, l’auteur nous revient cette fois-ci avec un roman là aussi au titre évocateur, ” Bamboula Spaghetti”, publié aux éditions Symphonia en 2021 à Libreville.
”Droit au but”, c’est ainsi que l’on pourrait nommer le style linguistique de l’auteur pour écrire et décrire l’intrigue de son œuvre. Nommer la chose telle qu’elle est et se présente, ”car une chose est ce qu’elle est et n’est pas ce qu’elle n’est pas”. C’est donc dans cet état d’esprit que les thèmes de mariage traditionnel, de polygamie, de prostitution, de mort, de sorcellerie, de détournements de deniers publics, d’enrichissement illicite mais aussi d’ethnicité sont abordés.
La beauté finalement se trouve aussi dans la laideur du mot qui décrit la scène, notamment celle où M. Kassa pris d’un malaise s’effondre après que Fortune se soit débarrassée de ”sa longue jupe” dévoilant sa ”forêt noire”. C’est l’Afrique des africains qui est ici décrite par “Bamboula Spaghetti”. Cette Afrique qui se veut toujours ancrée dans la tradition, mais mise en mal par les valeurs de la modernité occidentale.
Une Afrique où la parole donnée n’a plus d’importance; celle où le corps de la femme a perdu de sa valeur. Marcel Nguiayo Effam lance donc une pierre dans la mer des turpitudes et eaux troubles d’un Gabon voire d’une Afrique noyée par ses propres maux. A consommer sans modération aucune!
Herton-Sena OMOUNGOU
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