Dans une interview exclusive et très riche accordée au magazine « Jeune Afrique », le directeur de cabinet du président de la république du Gabon Brice Laccruche Alihanga s’exprime sur la situation socioéconomique actuelle du Gabon. Il parle également de son rôle de l’institution dont il a la charge
Le bilan du premier septennat d’Ali Bongo, l’affaire Veolia et Santtulo, la préparation des législatives, la présidentielle de 2016, sont parmi tant d’autres sujets abordées par le directeur de cabinet du chef de l’Etat dans cette interview.
Le directeur de cabinet du chef de l’Etat explique que « le Gabon a été fortement secoué par la crise (politique, ndlr) mais nous avons fait la démonstration de notre capacité de résilience ». Il poursuit selon nos confrères de Jeune Afrique : « depuis 2016, il y’a eu deux grandes phases. D’abord l’apaisement de certaines tensions consécutives aux dernières élections, un dialogue politique inclusif a été ouvert, un travail d’unification entrepris par l’exécutif, ensuite il a fallu dresser le diagnostic des maux qui frappent notre société et notre économie… » Ces efforts ont débouché notamment sur de nombreuses réformes politiques et la formation d’un gouvernement d’unité nationale.
Concernant sa relation avec la première dame Sylvia Bongo Ondimba et sa fondation, Brice Laccruche Alihanga témoigne son admiration pour le rôle que joue la première dame aux côtés du président de la république ainsi que son action à la tête de sa fondation.
concernant les pouvoirs du directeur de cabinet du chef de l’état, l’ancien Directeur général de la Compagnie Nationale de Navigation Intérieure et Internationale (CNNII) pense que « l’idée d’un cabinet présidentiel omniscient et omnipotent est un mythe », avant de clarifier : « le président fixe les grandes orientations, le gouvernement met en œuvre la politique définie et le premier ministre coordonne son action. Pour sa part, le cabinet se borne à relayer la parole présidentielle. Chacun a son rôle, aucune confusion n’est permise.»
pour ce qui est des prochaines élections législatives et la position « radicale » de l’opposant Jean Ping, le directeur du cabinet présidentiel gabonais avance que Jean Ping s’arcboute sur ses positions, mais qu’il est davantage isolé : « Le dernier gouvernement compte sept ministres d’opposition parmi les plus radicaux, comme jean de Dieu Moukagni. Tout le monde est passé à autre chose. Les hommes politiques ont bien compris qu’ils n’auront pas avant longtemps d’autre occasion d’exercer des responsabilités. Presque tous s’apprêtent à participer aux législatives. Jean Ping préfère rester à l’écart. C’est son choix ».
Au cours de cette interview, la question du renouvellement de l’administration a été longuement abordée. Occasion pour le directeur du cabinet du chef de l’état de donner des éclaircissements : « vous avez surement remarqué depuis six mois l’accélération du renouvellement de notre administration. Il n’est pas sain que telle ou telle personnalité puisse rester en poste pendant quinze ou vingt ans », mentionnant au passage la nécessité de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Brice Laccruche Alihanga a tout du même reconnu « dans le passé, de nombreux recrutements ont été faits sans postes définis, sans encadrement juridique, sans cadre organique. Il nous faut être courageux et faire ce qui doit être fait »
Abordant le volet économique, le directeur du cabinet présidentiel, s’est prononcé sur le règlement de la dette intérieure qui se présente aujourd’hui selon lui, comme une solution efficace pour la relance de l’économie nationale « une première tranche de 90 milliards de FCFA a été payée aux entreprises. Le processus est donc enclenché et il se poursuivra jusqu’à son terme ».
Estimant que les intérêts du Gabon passe avant tout, le directeur du cabinet du président Ali Bongo Ondimba n’a pas manqué de marteler « nous avons changé d’époque. Le Gabon à l’instar des autres pays d’Afrique ne se laissera plus marcher sur les pieds. », avant de préciser que « Veolia est derrière » pour faire allusion à la rupture du contrat de concession qui liait l’état gabonais à cette entreprise française.
Le directeur avoue : « nous n’avons pas suffisamment investi, c’est un fait. Mais veolia a gravement failli à ses obligations et a ignoré nos revendications. Il faut que nos partenaires comprennent que nous avons bien l’intention de défendre nos intérêts, quel que soit le prix à payer », relaient nos confrères de Jeune Afrique. Dans le même ordre d’idées il poursuit : « dans l’affaire Veolia nous avons fait ce qu’il fallait faire. Si vous ne respectez pas la loi et si vous menacez l’intérêt général, vous vous exposez à une remise en cause de votre concession, quel que soit l’Etat qui est derrière vous. »
Pablo Guissamba
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