Deux retraités français de 88 et 81 ans pensaient avoir gagné 150 euros de façon inespérée. Ils ont finalement l’impression d’avoir perdu plus de 4 millions d’euros. En effet , en 2021 le couple de retraités décide de se séparer d’objets présents dans sa résidence secondaire du Gard en France. Il fera appel à un brocanteur, qui leur achète notamment un masque en bois sculpté ayant appartenu à l’un des aïeux des retraités, le Français René-Victor Edward Maurice Fournier, qui fut gouverneur colonial en Afrique.
L’acheteur en propose 150 euros. Or, il se trouve que l’objet date du XIXe siècle, qu’il relève du patrimoine culturel d’une société secrète du groupe ethnique fang du Gabon, que son esthétique inspira des peintres européens majeurs comme Pablo Picasso et Amedeo Modigliani, et qu’il n’en resterait désormais qu’une dizaine d’exemplaires. Identifié comme tel, le masque est immédiatement inscrit au catalogue d’une salle de vente de Montpellier. Deux jours après la cession par les retraités, l’objet est revendu pour la somme de 4,2 millions d’euros, hors frais, soit l’équivalent de 2,7 milliards de francs CFA.
La somme est si faramineuse que la presse s’en fait l’écho. Les anciens propriétaires découvriront, dans un journal, la valeur réelle de leur ancien bien. Considérant notamment le caractère rarissime de cette pièce à fort témoignage historique, nombre de Gabonais considèrent qu’il ne s’agit guère de trancher entre le vendeur à 150 euros et l’acheteur à 4,2 millions. Il s’agit plutôt, primo, d’interroger la légitimité de l’aïeul gouverneur à exporter l’objet en 1917, et, secundo, de considérer l’opportunité de le restituer au Gabon.
Le Ministre de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et des Arts a séjourné récemment à Paris en France dans le cadre d’une mission en rapport avec son département ministériel. Ce fût l’occasion pour le Dr. André Jacques Augand, instruit par le Chef de l’État Brice Clotaire Oligui Nguema, de poser sur la table des responsables du musée du quai Branly la volonté du Gabon de se voir restituer le masque NGIL.
Dans cette optique, le Gabon a donc pris attache avec une avocate afin d’engager un processus qui devra aboutir sur la restitution au Gabon dudit masque. En effet , le masque Ngil, utilisé dans des rites sacrés, et instrument de pouvoir judiciaire. Des manifestants gabonais qui étaient présents dans la salle lors de la vente aux enchères à Montpellier avaient dénoncé cette vente tout en exigeant la restitution du bien.
Commentaires