Fin 2018, une mission conjointe menée par l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) et le groupe Olam avait permis la découverte d’une cavité souterraine exceptionnelle et unique dans la province de la Ngounié. Cette expédition, avec à sa tête le géo-archéologue Richard Oslisly de l’ANPN, mettait au jour une trentaine de squelettes et de nombreux objets.
Des fouilles approfondies et méthodiques en 2019 ont permis d’inventorier plus de 500 objets métalliques, majoritairement en fer, dont des couteaux, des haches, pointes de sagaies, bracelets, colliers, gongs, clochettes, ainsi que 39 dents percées d’animaux (panthères et hyènes) et 21 coquillages marins. La collection est conservée au Gabon, et en attente de restauration pour de futures expositions nationales. L’ensemble de l’architecture de la grotte et de ses objets a été finement scanné et reproduit en 3 dimensions, afin de permettre des immersions en réalité virtuelle à l’aide de lunettes spéciales, comme proposé par l’Institut Français en novembre dernier lors de la fête de la science.
Autre énigme résolue, son âge. Les datations au carbone 14 réalisées sur 10 fémurs ont permis de dater la période d’enfouissement de ces corps, qui remonte au XIV° siècle (1300 – 1400 ans). « Il s’agit d’une découverte unique d’hommes et de femmes ayant vécu avant l’arrivée des premiers européens, qui est une période très peu connue. De plus amples analyses, notamment sur l’ADN, vont nous permettre en 2020 d’approfondir encore un peu plus nos connaissances sur ces peuples vivant au moyen-âge dans les savanes de la Ngounié », précise Richard Oslisly, qui dirige les travaux archéologiques à l’ANPN et qui coordonne ces recherches.
La grotte, située dans une zone de conservation d’une des concessions agricoles du groupe Olam, est bien protégée, et accueillera bientôt d’autres spécialistes et étudiants gabonais pour décrypter un peu plus encore ses secrets. « Olam s’investit beaucoup dans la conservation au Gabon, souvent axée sur le social et l’environnement, et nous sommes aujourd’hui contents de pouvoir aussi contribuer à la valorisation du patrimoine culturel et archéologique du pays », explique Quentin Meunier, directeur du département Environnement et Développement Durable du groupe au Gabon.
Les prochains tests ADN et la lecture fine des os par des spécialistes en anthropologie physique devraient nous permettre d’en connaitre davantage sur l’origine de ces personnes, leur régime alimentaire, s’ils ont souffert de maladies ou de coups, et peut-être de proposer des hypothèses sur leur présence dans cette grotte, où ils ont été inhumés couverts d’innombrables objets remarquables.
FGM
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