Le Budget d’un pays est conjointement préparé par le Ministère de l’Economie (Mobilisation des ressources) et celui des Finances (Dépenses) puis examiné, amendé et voté par le Parlement. En langage simple, le Ministère de l’Economie recherche là où avoir de l’argent et le ministère des finances se charge de comment le dépenser. Pour avoir examiné et amendé le projet de loi de finances 2024 en qualité de Député de la Transition quoi que ne l’ayant pas voté, je vais apporter un regard citoyen en langage simple pour nous permettre à tous de participer au débat sur la question.
En décembre 2023, le Parlement de la Transition adoptait le budget 2024 du Gabon. Ce budget en sa page 39 parle de la dette sur l’exercice 2024 à savoir :• 1.327 milliards que l’État est autorisé à emprunter comme dette sur l’exercice 2024 ;• 1.487 milliards au moins que l’État doit rembourser pour régler la dette qu’il a trouvé (qui s’élevait à près de 7.500 milliards au moment du coup d’État).L’exercice pour le citoyen lambda est de s’assurer que l’État ne va pas emprunter plus que prévu et surtout que l’État va rembourser ce qui est prévu. En langage simple :
1. Si l’État n’emprunte pas au-delà du montant autorisé (1.327 milliards) et ne rembourse pas le montant prévu (1.487 milliards), le montant de la dette va naturellement augmenter de 1.327 milliards ;
2. Si l’Etat rembourse le montant prévu (1.487 milliards) et n’emprunte pas (chose impossible pour un État), la dette va naturellement diminuer de façon considérable à hauteur de 1.487 milliards ;
3. Si l’Etat emprunte le montant autorisé (1.327 milliards) et rembourse le montant prévu (1.487 milliards), notre dette va diminuer de la différence, soit 160 milliards;4. Si l’État rembourse le montant qu’il a emprunté (1.327 milliards), notre dette restera stable, au même niveau que celle héritée du système BONGO-PDG.
Ces illustrations en français facile c’est juste pour nous inviter à être regardant sur les documents comme la loi de finances afin de faire ce que nous appelons singulièrement dans la Société Civile, le contrôle citoyen de l’action publique ou encore le contrôle citoyen du budget.Cette page 39 en image est celle de la loi de finances 2024 que j’avais déjà partagée ici sur cette page et qui est disponible en faisant une recherche sur Google.Si vous avez compris ces 4 cas de figure parmi tant d’autres, vous aurez compris :
1. Emprunter est facile, mais rembourser difficile. Dans ce cas, en cours d’exercice on aura toujours une dette qui tendra à être plus importante car les remboursements intervenant souvent avec beaucoup de retard ;
2. Si la dette héritée (7.500 milliards) ne reposait pas sur des projets devant générer des revenus mais reposait sur de l’argent détourné, donc irrécupérable, vous comprenez qu’il faudra que l’État se débrouille à aller chercher de l’argent ailleurs pour rembourser cette dette, malheureusement le risque est que l’État s’endette pour rembourser, chose qui n’aide pas;
3. Si l’État en exercice, s’amuse à toujours emprunter sans s’assurer d’être en capacité de rembourser les montants perçus ce au motif qu’il faut développer des projets importants,etc… l’État se met lui-même la corde au coup car étant sans capacité ou stratégie de remboursement;
4. Quand l’État décide d’emprunter, le citoyen lambda doit regarder ce tableau et chercher à comprendre si:- La nature de l’emprunt fait partie de ce qui est contenu dans le tableau voté par le Parlement ;- Le montant emprunter ne dépasse pas les montants prévus par ce tableau voté par le Parlement;- L’argent emprunter à réellement servi à réaliser les projets annoncés.La loi de règlement 2021 nous apprend par exemple qu’au niveau des charges de la Présidence sous la Young-Team, sur un peu plus de 100 milliards autorisés, les jeunes qui géraient la Présidence ont dépensé un peu plus de 800 milliards.
Il nous faut être rationnel tout en ne perdant pas de vu que le #développement se fait sur du moyen et long terme. Une transition, c’est du court terme, invite donc à régler les urgences et non les projets à long terme quoi que difficile à faire face à une population qui veut voir ses problèmes être résolus dans l’immédiat refusant de distinguer la période de transition d’une période normale.Maintenant, s’agissant de l’avis du FMI,cela peut se comprendre tant que l’État n’arrivera pas à rembourser dans les délais ou si l’État se met à emprunter tout azimut ce au-delà des montants autorisés par la loi de finances. Nous sommes au mois de juin, soit à la moitié de l’année. Il faudra malheureusement attendre la fin d’année 2024 et la loi de règlement 2023 pour savoir avec exactitude si l’exercice 2023 a contribué ou non à augmenter ou à réduire notre dette. Pour le moment tout est prévision ce qui est exacte demeure la dette héritée au 30 août 2023.
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