L’annonce faite cette semaine par le Porte-parole du gouvernement lors d’une interview accordée en marge de sa participation à l’Africa CEO Forum à Abidjan, de l’intention du Chef de l’État Ali Bongo Ondimba de faire stopper l’exportation du manganèse et du fer à l’état brut pour inciter à la transformation locale, semble ne pas avoir été “très appréciée” par le ministre gabonais des mines. Pratiquement dès le lendemain, Elvis Ossindji a essayé de tempérer cette annonce, laissant croire à un rétropédalage du gouvernement.
« … Le chef de l’État souhaite qu’on arrête d’exporter le manganèse ou le fer bruts, qu’il y ait au minimum une première transformation », a affirmait récemment le Porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nze, dans une interview accordée au média en ligne Gabon Review, en marge de sa participation à l’Africa CEO Forum à Abidjan. Une intention du Chef de l’État Ali Bongo Ondimba qui pourrait permettre au Gabon de tirer un meilleur profit de ces matières premières et créer des emplois, comme c’est déjà le cas depuis 10 ans avec la mesure d’interdiction d’ exportations de grumes.
Le lendemain même, le ministre des Mines, Elvis Ossindji, rétropédale carrément. Vingt-quatre heures seulement après l’annonce d’Alain-Claude Billie-By-Nze. « L’interdiction d’exportation de minerais bruts n’est pas à l’ordre du jour » à twitté le ministre des Mines après avoir toutefois reconnu qu’« à l’instar du #secteur_bois, la création de #valeur_ajoutée par la transformation locale de minerais est un objectif sur lequel l’Administration et les Miniers travaillent conjointement ».
Or, le Ministre des Mines n’est pas censé ignorer qu’en 2013, les autorités gabonaises avaient déjà interdit l’exportation des rebuts ferreux et non ferreux, en exigeant leur transformation locale. Cette décision, couplée aux facilités logistiques et fiscales offertes par la Zone économique spéciale de Nkok, avait conduit à l’installation des usines métallurgiques qui produisent du fer à béton, vendu au Gabon et dans la sous-région.
À cela s’ajoute le fait que depuis 2014, le Gabon a démarré la transformation locale de son manganèse avec la mise en service du Complexe métallurgique de Moanda (CMM). Une partie de la production gabonaise subit une première transformation dans cette usine avant l’exportation. Bien que pour l’instant, aucune obligation n’est faite aux exploitants de ce minerai on comprend aisément que la vision du Chef de l’État Ali Bongo Ondimba est certainement d’inviter les acteurs du secteur à s’y préparer. L’objectif des autorités avec la transformation locale du manganèse étant de tripler la valeur ajoutée du secteur de 293 milliards de FCFA en 2010 à 900 milliards de FCFA en 2025.
Selon plusieurs experts du secteur, la réalité est que dans le cadre de la mise en œuvre du Gabon industriel, le Président Ali Bongo Ondimba souhaite emmener les acteurs du secteur à réaliser au moins une première transformation de toutes les matières premières sur le territoire pour créer plus d’emplois et de valeur ajoutée. Bien qu’aucune échéance officielle n’a été fixée dans ce cadre. Ce qui emmène ces mêmes experts à qualifier la sortie médiatique d’Ossindji d’« inopportune ».
La Rédaction
Commentaires