Suite à l’annonce d’une supposée grève de la faim observée par Ali Bongo Ondimba et deux de ses fils, publiée par Sébastien Nemeth, journaliste de RFI, Maixent Georges NTOUTOUME-NDONG, journaliste et écrivain gabonais estime que cette information serait certainement loin de la réalité.
Vous êtes journaliste et écrivain, en tant qu’observateur comment percevez-vous cette annonce sur la grève de la faim d’Ali Bongo Ondimba faite par un journaliste de RFI ?
Tout d’abord, cela m’étonnerait que ces avocats et ce journaliste présentent les preuves de leurs affirmations. RFI n’est ni un organe de presse gabonais ni une radio africaine. C’est une radio française qui sert les intérêts français. Évidemment, les journalistes qui y travaillent sont au service de la France. Cette annonce faite par un journaliste de cette radio, quelques jours avant le séjour du chef de l’État, le général Brice Clotaire Oligui Nguema en France, apparaît clairement comme une volonté d’influencer les décisions des nouvelles autorités gabonaises sur l’avenir d’Ali Bongo et sa famille. Il faut toutefois rappeler que depuis le 6 septembre 2023, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) avait annoncé que le président déchu était libre de ses mouvements. Autrement dit, Ali Bongo peut entrer et sortir du territoire national comme il le souhaite.
Aussi, je ne pense pas que sa santé fragile lui permette de supporter les conséquences d’une grève de la faim. Cela n’a aucun sens. Les groupes de pression, les lobbies veulent simplement profiter de la rencontre entre Emmanuel Macron et notre chef d’État pour exercer une influence sur la détention actuelle de Sylvia Bongo et Nourredin Bongo. Mais les nouvelles autorités de notre pays sont bien déterminées à laisser la justice s’exprimer face à ceux qui ont commis des actes graves contre le bien-être du peuple gabonais. Les Gabonais attendent évidemment leurs procès.
Pensez-vous que la Haute Autorité de la Communication (HAC) pourrait s’autosaisir face à l’annonce faite par ce journaliste de RFI ?
Il sera difficile de convoquer un journaliste qui n’est pas en activité sur le territoire gabonais. La HAC exerce au Gabon et ne régule que la communication sur le territoire national. En plus, le journaliste n’a pas fait son annonce sur RFI. Il l’a faite sur X (ancien Twitter), un réseau social. La règlementation de la communication au Gabon ne s’est pas encore réellement adaptée au fonctionnement des réseaux sociaux. Par contre, la HAC pourrait demander à la presse locale de rester professionnelle en présentant la preuve de cette fameuse grève de la faim avant de relayer cette information que le journaliste français ainsi que les avocats de ladite famille ne pourront même pas prouver. Ces allégations sont proches de la manipulation de l’opinion comme la presse occidentale sait si bien le faire. Souvenez-vous de la campagne médiatique lancée pour justifier l’intervention des Américains en Irak et mettre fin au régime de Saddam Hussein. Une pure invention.
Mais c’est quand-même un journaliste de RFI qui annonce qu’Ali Bongo observe une grève de la faim…
Ce n’est pas parce que c’est dit par un journaliste de RFI que cette information est forcément avérée. Les journalistes de RFI n’ont pas le monopole de la vérité. Il faut sortir de ces clivages qui aliènent l’opinion africaine. Les médias locaux sont capables de donner une meilleure information. En mon sens, il est temps de cesser de croire que les médias occidentaux connaissent l’Afrique mieux que les Africains. Il est temps que les Africains cessent d’accorder du crédit à ces organes de presse fabriqués pour camisoler l’opinion en Afrique.
Aussi, je saisi cette occasion pour exhorter les dirigeants de notre continent et particulièrement de mon pays le Gabon à cesser d’aller donner des informations exclusives dans les médias occidentaux alors qu’ils ont des organes de presse qui font du bon travail dans leur pays. La primeur des interviews exclusives donnée à certains journalistes de France doit cesser si nous voulons nous faire respecter. Comment concevoir que des journalistes de RFI qui ne sont pas du tout connus en France ou en Europe soient plus connus dans les pays africains ? Notre pays traverse une transition vers un Gabon meilleur. Il est important que cette mutation s’opère à tous les niveaux. Les nouvelles autorités gabonaises doivent donner de la valeur à la presse nationale.
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