Le désormais ex-ministre des Mines a été sèchement remercié du gouvernement le 30 janvier dernier en raison d’une « vraie bévue ». C’est ce que révèle nos confrères de Lalibreville, citant La Lettre du Continent dans sa dernière édition. L’affaire est grave. Et la sanction prise à la hauteur des faits. Beaucoup s’interrogeaient sur les raisons du départ du gouvernement, fin janvier, de Christian Magnagna, considéré comme un fidèle du président Ali Bongo Ondimba. Dans sa dernière édition, La Lettre du Continent lève un coin du voile sur cette affaire. Tout remonte au début des années 2010 et la construction de la route nationale 1 et du stade Obo, deux ouvrages pré-financés par la Société Générale et la Deutsche Bank, mais dont la construction a été abandonnée en 2016 en raison du non-paiement de l’Etat. L’année suivante, le promoteur, Eurofinsa, un groupe de BTP espagnol fondé par l’ancien trésorier du Real de Madrid, Mauricio Toledano, introduit à l’époque au Gabon par le conseiller présidentiel Roberto Tomasini, engage un arbitrage devant la Chambre de commerce international à Paris pour réclamer 92 millions d’euros. Ce que conteste vigoureusement Libreville qui, de son côté, demande le versement de pénalités pour malfaçons, ainsi que le paiement d’un reliquat de dette fiscale. « Or, le 20 décembre dernier », explique La Lettre du Continent, « alors que le Gabon était sans gouvernement » à l’issue de la proclamation des résultats définitifs des élections législatives ayant entraîné la démission du premier ministre, Emmanuel Issozé Ngondet, « Christian Magnagna a rencontré la direction d’Eurofinsa à Paris pour lui proposer d’abandonner les poursuites en échange de 55 millions d’euros et l’effacement de la dette fiscale. Un protocole a été signé par le ministre à cette fin le 4 janvier, et par Eurofinsa quatre jours plus tard. » Certes, cet ex-ministre du Budget a longtemps été chargé ès qualité, puis intuitu personae de gérer les contentieux avec les créanciers du Gabon. Mais cette fois-ci, l’Agence judiciaire de l’Etat qui pilote ce dossier s’est étonnée de n’avoir pas été mis au courant. Le nouveau premier ministre, Julien Nkoghe Bekalé, s’est de son côté inquiété du fait que les ministres du Budget et de la Justice n’aient pas été consultés. Par ailleurs, deux questions se posent aujourd’hui : pourquoi Christian Magnagna a-t-il négocié avec Eurofinsa au moment où le Gouvernement démissionnaire ne gérait plus que les affaires courantes ? Et y a-t-il eu des contreparties à cet accord ? Si oui, lesquelles ? Autant d’interrogations qui demeurent en suspens . En attendant, Libreville s’est empressé de dénoncer ce protocole. Conséquence : le mois prochain l’arbitrage aura bien lieu à Paris. Entre temps, selon la formule consacrée, Christian Magnagna a été démissionné pour être remplacé par un proche de Brice Laccruche Alihanga, le directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba. Il s’agit de Tony Ondo Mba qui, deux semaines plus tôt, venait déjà d’être nommé ministre de l’Eau et de l’Energie. Poste où il aura à gérer un autre dossier sensible : l’affaire SEEG / Veolia.]]>
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