Enseignant-chercheur à l’Université Omar Bongo, également auteur et metteur en scène, Rodrigue Ndong,est très connu aussi bien sur plan national qu’international grâce à sa plume et les nombreux colloques auxquels il a souvent eu l’occasion de participer. Son recueil de nouvelles “Je vous vends la mémoire de Shakespeare” est un chef d’œuvre récemment publié.
Présentation de l’œuvre:
“Je vous vends la mémoire de Shakespeare” est un recueil de nouvelles publié en 2020 par la maison d’édition canadienne Shanaprod. Il fait exactement 126 pages. Et je vous le dis d’entrée de jeu, qu’il s’agit là d’un recueil à consommer sans modération. Présentation de l’auteur Nous devons ce recueil de nouvelles au Gabonais Rodrigue Ndong, enseignant-chercheur à l’Université Omar BONGO, essayiste, romancier, dramaturge et chroniqueur littéraire rigoureux. Il a, à son compte, 4 romans parus chez Edilivre entre 2011 et 2020, 10 pièces de théâtre dont l’une parait aux éditions Odem, 6 essais dont un publié chez Symphonia.
Analyse de l’œuvre:
-La couverture:
La couverture de cet assemblage de nouvelles est assez particulière. On y voit distinctement un titre, « je vous vends la mémoire de Shakespeare », plus haut, un nom, celui de l’auteur, au centre, une photo, le genre de l’œuvre et le nom de la maison d’édition en dessous. Attardons-nous sur la photo. Il y est représenté des pieds de femme, sur du bitume mouillé et parsemé de feuilles, portant un jeans noir une chaussure haute noire, avec une boucle marron et des pieds bruns, dont les orteils portent un vernis rouge. Rien à voir avec une quelconque mémoire de Shakespeare.
Les couleurs utilisées sont : le rouge, le noir, le blanc et le gris. Des couleurs qui se marient bien et rendent cette couverture légère et agréable à regarder. Il est presque impossible de ne pas poser nos yeux sur ce titre rouge. Il ressemble presque à une alerte, une interpellation, une invitation, un danger !
-La quatrième de couverture:
Cette quatrième est toute particulière car elle résume assez bien les nouvelles évoquées dans l’œuvre. Elle traite de leur portée et magnifie la plume de l’auteur. Son mystère reste dans la présentation de l’auteur qui n’est pas faite et nous laisse sans aucune possibilité de mettre un nom sur le visage de celui qui nous force à lire 126 pages d’une traite.
-Le paysage:
L’ensemble des nouvelles contenu dans « je vous vends la mémoire de Shakespeare » ne se déroule pas au même endroit. En effet, la nouvelle intitulée Mater Dolorosa se déroule à Bifoun. Le mort se déroule au Parc du Trou-du-Diable à la Pointe-Denis. John Donne se déroule on ne sait pas vraiment où. L’auteur fait donc preuve d’originalité en ce qui concerne les lieux. Mais, d’une manière ou d’une autre, c’est le Gabon qui est représenté.-Les personnages:Les personnages de ce recueil peuvent être assez laids pour la société dans laquelle nous vivons. J’ai d’ailleurs été prévenue par l’auteur. Il n’en demeure pas moins que je les apprécie pour leur personnalité véridique. Certains n’assument pas leur côté égoïste, fourbe, débauché mais ça reste des personnages avec du cœur.
-Le texte:
L’ensemble de toutes ces nouvelles est un régal. Vous ne regretterez certainement pas votre argent. Le texte reste fluide, aéré, facile à lire puisque je l’ai lu en 1h. Il est composé de 12 nouvelles avec des titres aussi énigmatiques que fascinants. Vous vous rendrez compte que ces nouvelles ressemblent vraiment à des faits divers gabonais très inédits. Des nouvelles qui se lisent d’une traite, vous laisse sans voix sur les dénouements, vous intéresse au point d’en redemander encore. Vous n’arrêtez vraiment de lire que lorsque vous aurez achevé de lire votre exemplaire. Et ce n’est que lorsque vous aurez lu que vous comprendrez le vrai sens du résumé sur la quatrième de couverture. Ce texte a aussi son côté didactico-spirituel qui est non négligeable.
-Critique de l’œuvre:
Bien qu’étant une œuvre particulière dans son ensemble, je pense que certaines nouvelles n’ont pas forcément leur place là. C’est le cas de la nouvelle Le Bethio ou encore La machine. À côté de cela, on ressent trop le côté enseignant de l’auteur. On sait tout de suite que ce n’est pas une simple personne qui raconte une histoire. Le niveau de langue et les sujets abordés demandent aussi beaucoup de réflexion. Tous les Gabonais ne connaissent pas Barrès et ne seraient pas forcément aptes à chercher à le connaître. Ce qui fausse la compréhension de la nouvelle Barrès. Je concède à Rodrigue Ndong son côté amoureux de la littérature, mais avec les lecteurs Gabonais, l’auteur gagnerait à équilibrer les choses. Je relève dans l’œuvre l’oubli d’un point à la page 32 ligne 26. Et un nom orthographié différemment dans la même nouvelle. Au début de la nouvelle Le mort, un personnage qui s’appelle Édouard Assoume à la page 51, 52, devient Édouard Assoumou à la page 54 ligne 3. Hormis cela, les œuvres de l’auteur restent à recommander autour de nous.
Source:le parloir de l’étudiant
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