Souvent après avoir été nommé au Gabon on devient un paria, il est courant de sortir d’un ministère ou d’une direction chassé comme un malpropre et aux oubliettes les services rendus à la nation. C’est le cas de plusieurs personnalités publiques qui se sont vues éjectées de leurs postes peu de temps seulement après avoir été promus, sans avoir eu le temps de prouver qu’ils étaient à la hauteur de leurs nouvelles fonctions.
Une nomination à la tête d’une institution est toujours la bienvenue tant ces postes sont prisés par le plus grand nombre. L’on se sent généralement flatté d’avoir été le grand élu et l’on se sent pousser des ailes, mais il faut se méfier, aujourd’hui encore plus qu’hier. Compte tenu des événements récents, l’on serait tenté de croire qu’une nomination au Gabon pose plus de problèmes qu’elle n’en apporterait des solutions.
En effet, depuis la constitution du gouvernement Julien Nkoghe Bekale, il ne se passe pas un conseil de ministre sans de nombreuses nominations. Certains s’en vont et d’autres viennent. Des sièges épineux pour les occupants qui se voient éjectés en moins de deux. Une action qui ne serait pas sans conséquences car en se baladant de ministère en ministère en peu de temps, les nommés n’ont pas le temps de prendre leurs assises et donc de travailler de manière correcte et efficace. A ces interrogations, le président de la République à une réponse
« Dans une équipe, pour trouver la meilleure configuration, il faut parfois faire plusieurs essais. Ce qui compte pour moi, ce sont les résultats concrets de nos politiques publiques. Pas la stabilité gouvernementale. Je le répète, j’ai une seule obsession : les Gabonais doivent ressentir concrètement, dans leur quotidien, les effets des réformes. Les membres du gouvernement doivent être évalués et jugés à l’aide de la feuille de route et des objectifs qui leurs ont été assignés pour conserver leur place au sein du gouvernement de la République. » a martelé Ali Bongo dans sont interview accordée au quotidien l’Union.
Nicole Assélé et son règne légendaire
La Docteur Nicole Assélé a été limogée de son poste de Directeur général (DG) de la Société gabonaise d’entreposage des produits pétroliers (SGEPP), le jour de son installation dans ses nouvelles fonctions.
Virée de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) le 19 juillet dernier, Nicole Assélé, femme de poigne, fille du général de police à la retraite Jean Boniface Assélé, a pris ses fonctions à la SGEPP le 31 juillet seulement, son licenciement est intervenu dans la même soirée.
L’éjection insolite d’Arnaud Calixte Engandji Alandji
Alors que la rumeur le donnait démissionnaire du gouvernement après le réaménagement du 4 octobre dernier, l’ancien ministre de l’Équipement, des Infrastructures et des Travaux Publics, Arnaud Calixte Engandji, affecté au poste de ministre de la Décentralisation, de la Cohésion nationale et du Développement des territoires, a été limogé le 6 octobre.
A l’issue du réaménagement du 4 octobre, des bruits de couloir indiquaient que l’ancienne figure de proue du mouvement syndical dans le secteur pétrolier n’était pas contente de ses déplacements de ministère en ministère. Il aurait même menacé de démissionner selon certains quoi qu’officiellement, il a démenti ces propos.
Le Premier ministre, Chef du gouvernement, Julien Nkoghe Bekale, lui-même, est venu annoncer le limogeage de l’ancien ministre des Infrastructures.
Point important à noter, En quelques mois passés au Ministère des Travaux Publics, Arnaud Calixte Engandji Alandji a bousculé les lignes, plusieurs travaux ont été lancés. Il a respecté la promesse qu’il avait faite aux populations les semaines qui avaient suivi sa nomination. Son éviction demeure toujours un mystère pour plusieurs gabonais lambda quoique de sombres raisons sont évoquées dans la sphère décisionnelle.
Le déclin de Justin Ndoundangoye aka « Okulu la solution »
Dans le cas de Justin Ndoundangoye, l’expression « cadeau empoisonné » trouve tout son sens. Car après avoir hérité du lourd portefeuille ministériel des infrastructures publiques au détriment de son prédécesseur Arnaud Engandji, Okulu la solution a été viré du ministère dont il avait la charge.
En effet, le 6 octobre dernier, il s’était vu attribuer les prérogatives ministérielles d’Arnaud Calixte Engandji Alandji de l’Equipement, des Travaux publics et des Infrastructures en plus de celui des Transports. Le tout puissant ministre des Transports et des Travaux publiques affectueusement appelé « Okulu (grand, en langue locale) la solution » a été viré du gouvernement dont il était pourtant l’un des principaux piliers.
Justin Ndoundangoye est débarqué du gouvernement un jour après la signature d’un contrat d’assistance technique entre la RATP et la société des transports Trans-Urb qui va démarrer ses activités dans quelques jours.
En définitif…
En résumé, un mystère plane autour de ces nominations et de ses évictions en deux, trois mouvements. Nul ne semble réellement comprendre les motivations de ces chamboulements. L’incompétence serait-elle la réelle raison, la corruption ou même le choix d’une redynamisation dont seules les plus hautes autorités de ce pays ont le secret?
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