La police sud-africaine a procédé à des dizaines d’arrestations lundi après une vague de violences et de pillages survenue à Johannesburg, la plus grande ville du pays, et de manifestations de chauffeurs-routiers visant les étrangers.
Pendant plusieurs heures, le centre de Johannesburg a été livré à des centaines de personnes armées de gourdins et de pierres qui ont incendié et pillé de nombreux magasins, souvent tenus par des commerçants étrangers.
Ces émeutes ont débuté la veille après la mort de trois personnes dans l’incendie d’un bâtiment du quartier, avant de se propager à d’autres endroits de la ville, selon la police.Au moins 41 personnes ont été interpellées dans la seule mégapole, a-t-elle annoncé.
L’Afrique du Sud est le théâtre régulier de violences urbaines qui visent souvent les communautés immigrées, accusées d‘être responsables des difficultés de son économie et de son taux de chômage record (29 %).
Le ministre sud-africain de la Police Bheki Cele a estimé lundi que les violences de lundi relevaient davantage de la “criminalité” que de la “xénophobie”. “La xénophobie sert d’excuse”, a-t-il jugé après une tournée des quartiers affectés.
Le ministre nigérian des Affaires étrangères Geoffrey Onyeama a vivement réagi aux scènes de pillages de lundi dirigées, a-t-il dit, contre des magasins de ressortissants de son pays.
“Ca suffit ! Nous allons prendre des mesures”, a-t-il lancé sur Twitter, dénonçant “l’inefficacité” de la police sud-africaine.
D’autres incidents graves ont été signalés lundi dans le reste du pays, en lien avec une grève controversée des chauffeurs-routiers sud-africains, qui dénoncent le recours croissant de leurs employeurs à des étrangers.
‘Le peuple a faim’
Les forces de l’ordre ont rapporté avoir interpellé au moins vingt personnes dans la seule province du KwaZulu-Natal (nord-est) après l’incendie de plusieurs camions.
Des routiers en colère ont par ailleurs bloqué des routes autour du Cap (sud-ouest), la deuxième ville du pays, y causant de gigantesques embouteillages, a déploré le ministre provincial des Transports, Bonginkosi Madikizela.
Depuis plus d’un an, la colère monte au sein du secteur routier sud-africain, les chauffeurs nationaux y dénonçant la place prépondérante prise par leurs collègues étrangers, souvent sans-papier et moins rémunérés qu’eux.
“Le peuple sud-africain a faim mais il reste à la maison, alors que des entreprises du pays préfèrent employer des étrangers payés moins cher”, a déploré lundi auprès de l’AFP la représentante d’un syndicat de routiers, Sipho Zungu.
“Ça fait deux ans que l’on discute avec le gouvernement et les patrons, mais il n’y toujours pas de solution”, a-t-elle ajouté.
Clairement dirigée contre les étrangers, cette colère s’est soldée par la mort de dizaines de routiers étrangers depuis le début de l’année dernière, a révélé la semaine dernière un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW).
Les principaux syndicats du secteur routier ont condamné les violences et pris leurs distances avec le mouvement.
Le ministre des Finances Tito Mboweni a déploré les incidents de lundi. “L’expérience montre que les pays ouverts à l’immigration ont une activité économique plus dynamique”, a-t-il rappelé.
Première puissance industrielle du continent, l’Afrique du Sud accueille de nombreux migrants venus de toute l’Afrique australe.
AFP
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