Le football gabonais n’existe presque plus au Gabon. Ce constat est le principal élément justificatif de l’organisation par le gouvernement et la fédération gabonaise de football des assises nationales du football qui se tiennent depuis le 10 mai dernier jusqu’au 22 prochain. Un peu près d’une décennie après le lancement de la professionnalisation des championnats nationaux de première et deuxième division. Une situation générale du football national qui s’est dégradée au fil des années.
Une dégradation de la situation que même la qualification du pays à la prochaine Coupe d’Afrique des Nations, Cameroun 2021, n’a pas réussi à masquer. Puisqu’il est quasiment impossible de faire penser que cette qualification est le fruit d’une bonne santé du football gabonais. Et lorsqu’il s’agit de dégradation, il ne s’agit pas uniquement du football professionnel, mais aussi du foot amateur.
Il fut un temps où temps le football faisait rêver les gabonais. Où la pratique du sport était au cœur des activités de la citoyenneté. Dans les écoles et dans les entreprises, dans les quartiers et dans les clubs, le football avait intégré les mœurs sociales dans le pays. Il était à la fois un instrument politique, un instrument social, un instrument culturel, lorsqu’il n’était pas un emploi pour nombreux.
L’évocation de certains noms de clubs et de lieu renvoie à des moments de gloire du ballon rond. Missile, FC 105, Mougiandji 76, Aigles de Bélinga, Union Sportive de Bitam, Telestars et bien d’autres sont aux côtés de certains noms comme Suarez Dacosta, Guy Roger Nzamba, Brice Ndong, Stéphane Nzue Nguema, Nzigou Chivastar et des certains lieux comme le stade Monedan de Sibang, le chabat de l’omnisport Omar Bongo etc. sont les symboles, des souvenirs mythiques qui rappellent l’adoption du football par toute une population.
Un ensemble de souvenirs qui sont associés à des évènements heureux comme des compétitions de football lors des vacances dans les villes et villages de l’intérieur du pays, en ce qui concerne le foot amateur et à certaines compétitions nationales comme l’OGSSU (Office Gabonais des Sports Scolaires et Universitaires). Au plan professionnel, ces souvenirs sont associés à un palmarès, modeste, mais qui présageait un grand avenir pour une équipe nationale gabonaise en construction. C’est ainsi qu’en 1999, le Gabon sera sacré vainqueur de la Coupe UNIFFAC, vainqueur de la coupe de l’UDEAC en 1985 et 1988, finaliste de la coupe de la CEMAC en 2007 et vainqueur en 2013. La boucle de cette période de gloire la professionnalisation des championnats de première et deuxième division et l’organisation par le Gabon deux Coupes d’Afrique des Nations (CAN) 2012 (avec la Guinée Équatoriale) et en 2017.
Après ces différentes périodes, c’est la déchéance. Une déchéance au plus près, des infrastructures classiques et de ceux sortis deux CAN organisées. Le mythique stade omnisports est hors d’usage après près d’une décennie de travaux. Le stade de l’amitié d’Angondje est en décrépitude alors que celui d’Oyem est à un niveau d’envahissement d’herbe en phase terminal. Plusieurs stades d’entrainements et les infrastructures diverses pourrissent au fil des années. Les stades des capitales provinciales qui abritaient de nombreuses compétitions locales sont hors d’usage. Il en est ainsi pour les stades des capitales départementales et des stades de nombreux lycées et collèges dans le pays.
Les championnats nationaux de première et deuxième division sont à l’arrêt, les activités des clubs au ralenti, sans oublier le désintéressement des entreprises, cause de nombreuses difficultés d’accès au financement, par le biais du mécanisme du sponsoring. L’OGSSU a été également plusieurs décennies à l’arrêt, après une reforme sous forme de Championnat Scolaire et Universitaires. Tout ceci a pour conséquence l’arrêt de la majorité des activités en rapport au football dans les quartiers, dans les villages et un désintéressement généralisé.
Après un long moment de gloire, le football gabonais est à l’agonie. Saura-t-il retrouver ses lettres de noblesse ? La réponse à cette question sortira des assises nationales du football qui se tiennent en ce moment.
Commentaires