Le vent de démocratisation qui a précédé les indépendances à porter au pouvoir une sorte de gestion à « l’africaine. Depuis l’époque coloniale nous voyons à la tête de bon nombre de pays d’Afrique mais d’Afrique noire en particulier, les mêmes familles qui se succèdent.
Le Gabon, n’échappe pas à cette loi politico-familiale, mais à la différence que l’actuel locataire du Palais du bord de mer depuis son accession à la magistrature suprême, s’attèle petit-à-petit à rompre avec certaines habitudes qui ont la peau dure.
Quelques causes (regard occidental et africain…)
Selon une approche sociologique, les liens de consanguinité riment avec l’accès aux positions et ressources du pouvoir. Les parents restent confinés dans d’anciennes conceptions socio-historiques de l’Etat et des modes de transfert du pouvoir dans les sociétés africaines.
Car, elle continue d’alimenter les relations de loyauté et d’allégeance politique ainsi que le renouvellement du personnel politique (Brossier et Dorronsoro). « La politique de l’affecte », prend son enracinement auprès des penseurs tels que Alexis de Tocqueville et Emile Durkheim, prétendent que la famille et la parenté sont considérées comme productrices d’ordre social et politique. A cet effet, nait une idée d’homologie de structure existante entre la sphère familiale et la sphère politique, explique Pierre Bourdieu.
Au sortir du système colonial, la paix et la stabilité constituaient deux des principaux enjeux auxquels les pays devaient faire face en raison de leur histoire politique et institutionnelle. Comme le prouve, le penseur Arthur Young, bien qu’elle n’ait duré qu’une période relativement courte, c’est-à-dire moins d’un siècle dans l’histoire africaine. A cet effet, elle a fait éclore de nouveaux états, revu les enjeux du pouvoir, réorienté les formes économiques et cristallisés de nouveaux intérêts qui se sont matérialisés par le positionnement de personnes qui pouvaient garantir la sécurité et la pérennité des investissements du colon. Cette manière de faire et de penser n’a pas quitté les Présidents qui ont fait du pouvoir leur chasse-gardée ainsi que leurs parents.
Le cas du Gabon…
Suite à l’élection présidentielle d’aout 2009, Ali Bongo Ondimba, est déclaré vainqueur et succède à son défunt père Omar Bongo Ondimba. En effet, durant ses deux mandats, le Chef de l’exécutif ne manque pas de couper le cordon ombilical avec certaines pratiques telles que « la politique du nom » ou celle du « bras long » qui règne en maitre dans tous les secteurs de l’administration. La méritocratie, plus que jamais s’avère être la pierre angulaire de ce septennat, « l’homme qu’il faut, à la place qu’il faut ».
Certains des collaborateurs et membres de la famille présidentielles habitués aux vielles uses et coutumes gabonaises « des salons feutrés », ont du mal à s’arrimer avec le changement de paradigme qui s’opère de jour en jour avec le renouvellement de la classe dirigeante. Le Chef de l’Etat, soucieux de changer la donne et rattraper les incohérences et autres attitudes népotistes décide d’écarter certains proches du cercle familiale afin de donner la chance au plus grand nombre de compatriote tout aussi compétant.
Il est vrai que certains parents du président continuent d’exercer à de hauts postes de responsabilités, mais ceci constitue une seconde chance comme le fait tout bon père lorsqu’il sait que sa progéniture peut mieux faire.
Changement de paradigme…
La réalité est qu’aujourd’hui, il ne suffit plus de porter le patronyme « Bongo », pour avoir les faveurs de la cour. C’est le peuple gabonais qui l’a élu et non une partie du Gabon, faisant référence à sa province d’origine (Haut-Ogooué). Cela éviterait le genre de situation qui s’est produite, le 24 juillet 2019 devant le portail de sa résidence privée, située à la sablière (premièrement arrondissement).
En effet, ses parents maternels auraient exigé de rencontrer la première institution du pays, et ce, suite à l’éviction de Nicole Assélé à la tête de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), pour la Société gabonaise d’entreposage des produits pétroliers (Sgepp) . Conscient qu’Ali Bongo Ondimba, est d’abord issue d’une famille, l’opignon trouve tout de même étrange, qu’après le Conseil de ministre qui a entériné le départ de sa cousine, le clan Assélé souhaite à tout prix le rencontrer. Car, ce n’est pas à la famille présidentielle de décider des postes qui doivent revenir à leur fratrie.
A l’endroit de ceux qui croient que ce pays est leur propriété, le peuple sait ce que ces derniers ont pu amasser comme fortune au fil des années, et il serait temps que cela cesse. Couvrir de tous les noms d’oiseaux les collaborateurs et les proches du Président de la République est une quête vouée à l’échec.
Mebang de Njokaye
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