En République gabonaise l’expulsion hors du cercle décisionnel a toujours fait couler beaucoup d’encre et de salive au sein de l’administration. C’est pourquoi, fort de ce constat, nous nous sommes penchés sur cette question à l’origine de guerres claniques entre les différents acteurs politiques. D’une part, appartenir à la même formation politique, regroupement associatif, où à la même contrée, suffissent-ils à assurer à certains un statut d’intouchable au sein de l’appareil étatique? d’autre part, le Chef de l’Etat aurait-il enfin décidé d’en finir avec l’impunité au Gabon?
De mémoire, l’instauration du multipartisme par feu Omar Bongo Ondimba, le 22 mai 1990 a été un tournant majeur dans la vie politique gabonaise. Le Parti démocratique gabonais (PDG), depuis sa création en 1967 régnait en maître absolu et de façon autoritaire. C’est ainsi, qu’une forte vague de contestation va éclater et détériorer le tissu social gabonais. Conduisant le locataire du Palais du bord de mer de ce temps, a convoqué un dialogue national dans le but de ramener l’accalmie, puis des ouvertures au gouvernement vont s’en suivre. Aujourd’hui encore, la culture du compromis demeure fortement encrée dans le mode de gestion de la chose publique.
Le second mandat d’Ali Bongo Ondimba, émaillé de plusieurs irrégularités a provoqué l’ire populaire. Le poussant à initier le dialogue national qui s’est tenu du 28 mars au 26 mai 2017 à Angondjé. Une fois de plus, certains profito-situationnistes ont sauté sur l’occasion pour faire leur grand retour aux affaires et d’autres venir se servir à volonté comme il a souvent été le cas dans ce pays. Mettant ainsi de côté, les véritables raisons qui ont concouru à la réalisation de ses assises, c’est-à-dire l’adoption de plusieurs réformes politiques et institutionnelles applicables la même année.
En effet, 2 ans après le conclave d’Angondjé, plusieurs hommes politiques aussi bien de la majorité comme de l’opposition ont été portés à la tête de juteuses institutions publiques ou hauts postes de responsabilité. Le dernier fait en date remettant cette question “d’accord politique” au gout du jour est le scandale lié à la disparition des conteneurs de kevazingo au port d’Owendo qui défraie actuellement la chronique. A ce sujet, plusieurs dirigeants ont été mêlés si ce n’est cités en l’occurrence l’ancien Vice-président de la République, Pierre Claver Maganga Moussavou et L’ancien ministre en charge de l’environnement et du plan climat, Guy Bertrand Mapangou.
Contre toutes attentes dans un communiqué lu par le Secrétaire Général de la présidence de la République, en date du mardi 21 mai 2019 le désormais ancien Vice-Président et l’ex ministre ont été démis de leurs fonctions respectives. Cette nouvelle, a constitué une douche froide pour ceux-là qui ont fait de certains postes de responsabilité leur chasse-gardé et le début d’une nouvelle ère pour la démocratie gabonaise qui jusque-là n’avait pas pour habitude de sévir les comportements antirépublicains. L’incessant procès fait à l’encontre d’une présumée sanction et un probable règlement de comptes s’est invité dans tous les débats. La géopolitique nationale est adossée sur des liens flous qui relèvent de l’appartenance ethnique, associative, politique au détriment du mérite de l’individu.
Le cas de l’opposant Bruno Ben Moubamba fait école. Car depuis son éviction, cet adepte des grèves de la faim n’a toujours pas avalé la pilule de sa mise à l’écart du gouvernement Issoset Ngondet. En effet, ce dernier dans des publications sur les réseaux sociaux ne manque pas de narguer les membres du gouvernement, foulant au passage le droit de réserve gouvernemental qui jadis le tenait au secret professionnel. Ces sorties peu convaincantes, ne trouvent preneurs qu’auprès des personnes en panne de matières grises, qui n’ont pour seule activité salir l’honneur du numéro un gabonais et ses collaborateurs.
Cependant, il semblerait que depuis quelque temps Ali Bongo Ondimba aurait pris la décision de rompre avec les anciennes habitudes qui ont causé la descente aux enfers de notre économie. Comme dit le dicton ” vaut mieux tard que jamais” pour rectifier le tir, telle est sa vision. Le redressement économique souhaité ne peut voir le jour que si le chef de “maison Gabon” tape du poing sur la table en bannissant, l’égoïste, l’incompétent et le voleur, afin que l’Etat méritocratique puisse dorénavant s’enraciner profondément.
Dorénavant quels que soient les lobbyings, les appartenances claniques des uns et des autres, seuls les résultats constitueront la véritable unité de mesure de l’action publique. Autrement dit, la capacité que les commis d’Etat vont déployer sur le terrain pour l’intérêt général sera désormais le nouvel indicateur de gouvernance voulu par les plus hautes autorités.
Mebang de Njokaye
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