Emmanuel Macron reçoit ce vendredi 23 novembre un rapport attendu sur la délicate question de la restitution des milliers d’œuvres d’art africaines arrivées en France sous la colonisation. C’est le président français lui-même qui avait lancé l’an dernier à Ouagadougou l’idée de ces restitutions, temporaires, ou définitives, en se donnant cinq ans pour les mettre en œuvre. Le rapport commandé pour ce faire aux universitaires français et sénégalais Bénédicte Savoy et Felwine Sarr propose notamment de modifier le code du patrimoine pour favoriser les restitutions d’œuvres aux États subsahariens. Il évalue à 90 000 le nombre d’objets ramenés d’Afrique et aujourd’hui conservés dans les musées de l’Hexagone. Avant même sa remise au président, le rapport sur la restitution de l’héritage culturel de l’Afrique a été largement diffusé et commenté, il est même édité aux éditions du Seuil, comme un ouvrage de référence. Il est vrai que les propositions sur le sujet sont assez révolutionnaires. Il s’agit de rendre aux pays d’Afrique subsaharienne tous les objets détenus dans les musées nationaux français dont on ne pourrait pas justifier l’achat consenti. Le rapport ne cible que l’Afrique subsaharienne, en raison, expliquent les rapporteurs, d’une situation sans équivalent, puisque, estiment-ils, près de 90 % des biens culturels africains sont détenus hors du continent. Conclure des accords bilatéraux ? Les deux auteurs, les universitaires Bénédicte Savoy et Felwine Sarr recommandent à l’État français de conclure des accords bilatéraux avec chaque État africain qui en fera la demande afin de prévoir la restitution de biens culturels transférés hors de leur territoire d’origine pendant la période coloniale française. À Paris, le musée du quai Branly concentre à lui seul 70 000 objets d’Afrique dans ses réserves, les deux tiers auraient été acquis entre 1885 et 1960. Si le président Macron donne suite à tout ou partie de ces propositions, il faudra, comme le préconise le rapport, modifier le code du patrimoine qui rend pour l’instant ces œuvres intouchables. BESSEY avec RFI.fr]]>
article précédent
Commentaires