Le conseil des ministres du 13 septembre dernier a adopté le projet d’ordonnance portant loi organique relative au Président de la République. Ce texte pris en application des dispositions des articles 10, 52 et 78 de la Constitution, fixe les conditions d’éligibilité au Gabon du Président de la République et les incompatibilités avec cette fonction. Il fixe surtout les nouvelles conditions d’éligibilité à la fonction de Président de la République. En cas de validation de ce texte, il interdira aux Gabonais n’ayant pas séjourné de façon continue dans le pays pendant au moins 6 mois, durant les deux dernières années précédant l’élection présidentielle. Un projet de texte qui fait débat parce que vu par certains comme discriminatoire, alors d’autres le voit comme une logique patriotique.
En rappel, cette ordonnance précise que : «sont éligibles à la présidence de la République tous les gabonais des deux sexes, jouissant de leur droits civils et politiques et ayant résidé sans discontinuité sur le territoire national au moins six mois chaque année, au cours des deux dernières années précédant l’élection».
Loin d’être une discrimination, déjà pratiqué par plusieurs pays à travers le monde. Même dans les pays réputés être les plus démocratiques, comme les États-Unis d’Amérique où il faut avoir résidé 14 ans sur le territoire national pour candidater à une élection présidentielle. C’est aussi le cas pour Madagascar qui prévoit 6 mois au moins ou encore pour le Cameroun où il faut avoir résidé un an sans interruption sur le territoire national avant la date de l’élection présidentielle.
L’interdiction des citoyens qui ne vivent qu’à l’étranger de se porter candidats est plutôt une démarche patriotique qui vise à clarifier l’expression démocratique à l’occasion d’élections présidentielles au Gabon.
S’il est vrai que tous les citoyens remplissant les conditions ont le droit de se porter candidats à l’élection s’ils remplissent les conditions édictées par la loi, se porter candidat est une affaire sérieuse qui exige un maximum de préparation. Avec cette mesure, se porter candidat à une élection présidentielle va arrêter d’être un effet de mode, un buzz ou un simple amusement, parce qu’on dispose d’un peu d’argent.
En effet, en considérant que l’élection présidentielle est une rencontre entre un homme et le peuple, les deux doivent avoir un lien. Et ce lien doit se construire au fil des années. Rappelons que dans cette relation, l’intérêt pour le peuple est la prise en compte de ses problèmes dans le projet du candidat. Alors que l’intérêt pour le candidat c’est la légitimité populaire pour mettre en œuvre son projet de société. Mais comment donc quelqu’un qui n’a pour seul lien avec son pays d’origine que le passeport peut-il comprendre les réels des populations. Cette exigence supplémentaire contribuera à améliorer les prestations et projets politiques des candidats et donc faciliter le choix des populations.
Enfin, nul ne peut diriger un peuple qu’il ne connait pas. La fonction présidentielle est la plus haute dans une République. Un Président de la République est élu pour protéger les intérêts de tous les Gabonais, mais d’abord de ceux qui ont intérêt à vivre sur le territoire national. Ceux pour qui le pays est un tout. En interdisant aux gens qui ne vivent qu’à l’étranger de se présenter, la loi veut amener ceux qui portent des ambitions à préciser leurs intérêts la question territoriale.
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