Asséchée, épuisée, dispersée, vidée, coincée dans des conflits de leadership, la posture de l’opposition gabonaise ne rassure pas ses adeptes à quelques mois de l’élection présidentielle qui arrive à grand pas. Serait-elle prête en 2023 ? Aucunement, pour plusieurs raisons.
D’abord parce que l’opposition gabonaise ne semble pas encore avoir fait le deuil de l’élection présidentielle de 2016 passée. Durant ces dernières années, le candidat (unique ?) de l’opposition Jean Ping a réussi à cristalliser l’ensemble des efforts des opposants autour de sa personne, mais surtout autour de la réclamation de sa “victoire volée” en 2016. Tous ceux qui n’étaient pas alignés sur ce combat étaient systématiquement qualifiés de traites.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre, l’opposition a été laminée lors des législatives et des locales de 2018. Non seulement parce que son positionnement n’était pas clair, entre ceux qui voulaient y aller et d’autres qui n’en voulaient pas du tout. Mais aussi parce que cette confusion n’a pas facilité le choix politique et l’engagement de leurs électeurs.
Ensuite, parce ce qu’elle est encore coincée dans de débats de leadership à la tête des formations politiques, à quelques mois seulement du vote. Alors que d’un côté le débat n’est pas encore épuisé entre Michel Menga et Barro Chambrier au sujet du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité où ce qui convient encore d’appeler le Rassemblement Héritage et Modernité, du côté de l’Union Nationale le débat pour la Présidence du Parti fait encore rage entre Paulette Missambo et Paul Marie Gondjout. La situation de ces partis politiques de l’opposition dite radicale reste encore confuse.
N’oublions pas de noter que le positionnement d’autres partis de l’opposition dite républicaine comme Les Démocrates reste sujet à débat. Tant à ce jour, il est difficile de dire leur positionnement, à cause de nombreuses controverses qu’ils entretiennent dans l’opinion de l’opposition. Peut-on compter ces derniers ? Par si sûr, l’ancien Démocratie Nouvelle de René Ndemezo’o Obiang a bien montré de quoi ils étaient capables. Dans ce sens, on peut ajouter aussi le Parti Social Démocrate (PSD) de Pierre Claver Maganga Moussavou ou encore le PDS de Séraphin Ndaot.
Enfin, le plus dure pour l’opposition gabonaise, contrairement à 2009 et 2016 est le manque de figure charismatique, forte et consensuel. Les opposants actuels manquent réellement de charisme et de très grandes capacités à rassembler tous les autres autour d’eux. Si auparavant, le camp présidentiel pouvait faire face à des Pierre Mamboundou, André Mba Obame, Zacharie Myboto, de nos jours, le volume a baissé. D’abord parce que la majorité des espoirs de l’opposition ont été jugés incapables de gagner une élection sur le siège de député ou remporter un grand nombre de conseillers, sans la casquette du PDG. C’est le cas pour Alexandre Barro Chambrier, Paul Marie Gondjout, Paulette Missambo ou même Guy Nzouba Ndama.
En attendant qu’un miracle de produise, l’opposition gabonaise ne sera pas prête en 2023.
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