Deux petits se toisent dans la cour d’école de Martine Oulabou. « Maudite tapette noiraud», lance l’un. « Ah oui ? » rétorque l’autre, amusé, mais confus, « c’est quoi une tapette ? » « Ben, je pense que c’est un gars noir qui en tape un autre », répond le premier. Focus ! Chez les adultes, depuis un temps au Gabon, on se traite de xénophobe à qui mieux mieux, mais vraiment personne ne s’entend sur la portée de ce mot en 2019. Est-ce une théorie discréditée de l’existence d’une hiérarchie entre les « races » qui, selon la science, n’existe pas ? Ou bien, une détestation irrationnelle d’êtres humains différents ? La critique politique d’une religion ? La xénophobie est le fait de stigmatiser et d’avoir peur des personnes étrangères. Ceux qui parlent d’autres langues et ont un aspect ou des coutumes différents peuvent paraitre menaçants pour les gens qui ne sont habitués qu’à un seul groupe ethnique, un seul style de vie ou un ensemble d’attitudes bien précis. Cependant… Comment peut-on être raciste, quand un blanc porte des dreads et ne connait que notre culture ? Une pensée à un ancien voisin Tedzy (de père gabonais et de mère Russe). Refuser de manger un plat de feuille de manioc avec du sucre, c’est raciste ? Chanter des chants d’esclave quand on est blanc, c’est raciste ? Alors, Marc un tara des Akébés, parlant le tolibagando : devrait arrêter de jouer du blues ! Comprenez dès lors, qu’au nom d’une origine supposée ou réelle, une utilisation de la figure d’un « compatriote-d’origine », ne peut pas être mise en service pour trouver les « tenus pour responsables » des maux de notre société, car celui-ci partage nos valeurs fondamentales, notre vie et notre culture. Après leur intégration palpable, doivent-ils encore prouver qu’ils sont des nôtres dans ce pays multiculturel ? Le racisme non blanc ? En 2017, une auteure britannique noire a publié Le racisme est un problème de Blancs, une charge à fond de train contre le racisme systémique. Succès monstre et mondial mais en vérité ce n’est plus un problème spécifique aux blanc, car les sociétés africaines ont maintenant tendances à avoir des idées allant contre le multiculturalisme. Au Gabon par exemple, ce multiculturalisme enferme les néo-Gabonais dans l’identité et les querelles de leurs ancêtres. Insister pour qu’ils s’intègrent plus au « nous » Gabonais, Fang ou Nzébi, serait aussi une exigence raciste. « Racialiser » nos rapports sociaux à ce point ne peut qu’accroître le ressentiment qui alimente le racisme et la confusion créée par les accusations de racisme qui fusent de partout. Zeus O.]]>
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