Des représentants de près de 200 pays se réunissent à Paris cette semaine pour les derniers pourparlers sur un traité mondial sur la pollution plastique. Bien qu’on ne s’attende pas à ce qu’il aboutisse à un accord final, la session pourrait jeter les bases cruciales de la réduction de l’utilisation des plastiques dans le monde.
Sous l’égide du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les pourparlers qui ont débuté lundi sont le deuxième tour de cinq visant à parvenir à un traité juridiquement contraignant d’ici 2024, pour adoption en 2025. Au moment où ils se termineront vendredi, on espère que les délégués de 175 pays seront plus proches d’un accord sur une approche visant à réduire la quantité de déchets plastiques qui s’accumulent dans les océans et les écosystèmes du monde.
Dans l’état actuel des choses, les parties sont divisées sur un principe fondamental : s’il faut réduire le plastique à la source, en obligeant l’industrie à réduire sa production, ou s’il faut se concentrer sur une meilleure gestion et recyclage du plastique une fois qu’il est jeté. Interdire ou ne pas interdire ? Parmi les pays qui favorisent ce dernier figurent la Chine et les États-Unis, deux des plus grands producteurs mondiaux de plastique. Les deux pays ont appelé à un traité mondial qui promeut le recyclage, tout en laissant les mesures plus strictes – telles que l’interdiction des plastiques à usage unique ou des produits chimiques dangereux utilisés dans la fabrication – aux nations individuelles. Mais d’autres pays soutiennent que la gestion des déchets à elle seule ne va pas assez loin. Alarme alors que la pollution plastique des océans atteint des niveaux sans précédent Palau, en tant que nation insulaire qui ne produit pas de plastique mais importe des marchandises qui y sont enveloppées et en voit encore plus s’échouer sur ses côtes, l’a dit sans ambages dans sa soumission aux pourparlers : “Fermez-le au robinet”.
Il fait partie des pays qui soutiennent qu’un traité sur le plastique doit inclure des restrictions mondiales sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, visant à réduire la quantité de nouveau plastique dans le monde avant même qu’il ne se transforme en déchet. Une coalition de 55 pays, dont la France et le reste de l’Union européenne, souhaite voir une interdiction du plastique inutile, comme les gobelets et ustensiles jetables, ainsi que des restrictions sur les substances qui entrent dans le plastique si elles nuisent à l’homme ou à l’environnement.
Économie circulaire : “Bien sûr, nous devons recycler chaque morceau de plastique que nous prévoyons de jeter, mais nous ne pouvons pas sortir de cette situation en recyclant uniquement”, a déclaré à RFI la directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen. Elle a déclaré qu’une refonte majeure était nécessaire pour passer des emballages en plastique à des contenants réutilisables, mais sans appeler à une interdiction. Pas de temps à perdre pour réduire la pollution plastique, prévient l’ONU avant les négociations sur le traité Le PNUE a été critiqué pour avoir trop mis l’accent sur la réutilisation et le recyclage, dans ce que certains considèrent comme une concession aux industries du plastique et de la pétrochimie. Dans un rapport publié plus tôt ce mois-ci, l’agence a appelé à une transition vers une économie “circulaire” des plastiques, qui comprendrait la réduction de la quantité de plastique produite mais aussi la conception de nouveaux types de plastique plus faciles à réutiliser ou à composter, ainsi que massivement investir dans le recyclage. Mais les militants écologistes pointent les limites du recyclage, qui est logistiquement difficile, énergivore et risque d’exposer les travailleurs à des produits chimiques toxiques ou même de générer des microplastiques qui polluent de plus en plus nos mers, notre air et nos aliments.
Une étude de Greenpeace montre que le recyclage du plastique est un “concept raté” “Si nous n’imposons aucune limite [à la production], nous n’atteindrons jamais une économie circulaire pour les plastiques”, a déclaré à RFI l’avocat environnemental Tim Grabiel de l’Environmental Investigation Agency, une ONG qui milite pour dénoncer les pratiques néfastes. “Avec ce volume de plastique mis sur le marché chaque année, il est tout simplement impossible d’avoir l’infrastructure nécessaire pour le collecter et le traiter séparément.” Le précédent de l’Accord de Paris Les militants craignent que sans restrictions contraignantes pour tous les pays, le premier traité mondial sur la pollution plastique ne se heurte aux mêmes obstacles que l’accord de Paris de 2015 sur le changement climatique. Cet accord a permis aux pays de fixer leurs propres objectifs et délais pour s’attaquer aux sources du réchauffement climatique, et les résultats ont jusqu’à présent été décevants.
Les engagements de Paris sur le climat non tenus, rapporte l’ONU Restez informé de l’actualité internationale en téléchargeant l’application RFI Lorsque les pays ont accepté d’entamer des négociations l’année dernière, ils ont accepté qu’elles soient juridiquement contraignantes, a souligné Andersen. Elle s’est dite “absolument convaincue” que les négociations de Paris, ainsi que les trois autres rounds à venir, aboutiront à un accord final. “Cela doit être ambitieux”, a-t-elle déclaré. “Si nous n’arrêtons pas la pollution plastique, si nous continuons à l’utiliser sans recyclage, il y aura des conséquences assez catastrophiques pour nos écosystèmes aquatiques et terrestres. Ces négociations sont donc absolument cruciales.”
Anonyme
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