En marge de la 2e édition de la journée du philosophe qui a eu lieu le 27 juillet 2018 à l’université Omar Bongo (UOB), à Libreville, notre rédaction s’est rapprochée de M. Moutoumbou, Enseignant permanent au département de Philosophie , Maitre assistant CAMES, pour débattre des enjeux de l’enseignement philosophique dans une société en crise. Interview. Quel est l’enjeu de la philosophie dans une société en crise (crise politique, financière, institutionnelle, éducative…) ? Ceux qui s’exercent à la philosophie savent que la philosophie est née dans une situation de crise à Athènes. Les efforts de Socrate et de Platon, ont été des efforts de redressement de la cité. C’est souvent dans les circonstances difficiles que la philosophie devrait normalement et de façon impérative donner son point de vue et fixer des objectifs. La crise n’est pas une fatalité. Elle ouvre des béances, et celles-ci souvent doivent être comblées par l’idée et la pensée. Comment la philosophie peut-elle alors jouer ce rôle dans notre société ? La question est très difficile dans notre société où il ya un renversement des valeurs, et ce renversement des valeurs fait en sorte que les préoccupations de la population gabonaise sont en marge de l’éducation. Et nous pensons pouvoir apporter le peu philosophique pour essayer de faire en sorte que ceux qui nous écoutent, ceux qui sont en philosophie, notamment les enseignants et les étudiants puissent essayer de porter le message plus loin. Mais ne pensez-vous pas que la philosophie soit encore une discipline élitiste dans notre société ? Je suis d’accord avec vous. Toutes les disciplines académiques sont élitistes. La difficulté de la philosophie est peut-être liée à son essence et à son jargon. La spécialité n’est pas toujours accessible à tous. Mais Je pense aujourd’hui qu’au département de Philosophie, il ya des efforts d’innovation en matière de disciplines nouvelles, telles que la philosophie africaine, la philosophie religieuse et la philosophie économique (…) où nous essayons de réfléchir sur la crise, sur tous ses pans. Que fait le département de philosophie pour promouvoir la pensée ? Oui la question est pertinente. Elle est même difficile parce le département de philosophie est resté longtemps aphone. Peut-être que nous avons oublié l’obligation qui est la nôtre de devenir socratique. Mais il faut reconnaitre qu’il est difficile pour nous de sortir du cadre universitaire pour essayer de trouver des oreilles nouvelles qui écouteraient le message de la philosophie. C’est un handicap je suppose, et je souhaite que cela ne soit qu’un obstacle épistémologie qu’on pourra remonter. Est-ce que l’incapacité de la philosophie à transcender le cadre académique ne serait pas la principale faiblesse de la discipline ? Non, ce n’est peut-être pas une incapacité, mais un non-vouloir d’abord. Et ce non-vouloir est peut être l’expression de la crise que nous vivons. Comme vous le savez, dans notre pays la vérité est décriée. Or la philosophie est d’abord une discipline qui vise la vérité et cette vérité lorsqu’elle dérange à la fois le politique et les autres, est alors étouffée. Est-ce pour cette raison que le département de Philosophie est resté longtemps aphone ? Peut être. Peut-être qu’il nous manque un peu le courage philosophique des autres. Mais nous pensons qu’avec l’organisation de cette 2e journée du philosophe à l’UOB, ce courage reviendra. BESSEY et RAMA]]>
Commentaires