En une antérieure occasion, réagissant à la diffusion sur internet des vidéos obscènes réalisées par des élèves issus de certains établissements de la capitale gabonaise, je montrais les limites de la décision prise par la coordination des parents d’élèves du Gabon qui avait plaidé pour l’exclusion définitive, en plus d’une interdiction d’inscription pendant trois (3) ans au moins, des élèves concernées par le fameux scandale.
Il est irréfutable que les dérives constatées revêtent un caractère absolument scandaleux qui oblige à une prise de mesures punitives sévères, non seulement pour faire comprendre aux élèves impliqués l’ampleur de leurs égarements, mais aussi pour faire cesser et dissuader d’autres élèves de reproduire de telles frasques en milieu scolaire.
Toutefois, il reste peu probable que la décision d’exclusion définitive soit la solution appropriée pour au moins trois raisons :
D’abord, cette décision est si hâtive qu’elle paraît davantage guidée par l’émotion que par la raison ; un fait suffisant pour me faire douter que les enjeux d’une telle décision aient fait l’objet d’un examen minutieux, que les conséquences aient été soigneusement et lucidement prévues ou qu’on ait été motivé par le souci de racheter les enfants plutôt que par une intention plus ou moins consciente de les perdre définitivement. Ensuite, la plupart des élèves concernés sont des mineurs victimes de la prédation d’une société en panne de valeurs ; Enfin, une exclusion définitive n’aurait de seul mérite que de les livrer irréversiblement aux affres de l’oisiveté tout en les exposant au péril de la délinquance juvénile de plus en plus difficile à réprimer. Ce serait donc empirer leur situation actuelle et exposer malhabilement la société à une toute autre forme délinquance.
Pour envisager des pistes de solutions à ce phénomène, je préconiserai donc des mesures porteuses d’une réelle volonté de réinsertion académique et sociale de ces jeunes compatriotes avec la contribution de l’association des parents d’élèves et l’aide de psychologues auxquels l’État devrait donner du travail. L’élection de mesures idoines à ce phénomène feraient alors l’objet d’une réflexion moins passionnée, plus empathique et plus humaniste. On pourrait, par exemple, renforcer les équipes de surveillance dans les établissements publics-privés tout en réorganisant leur service. Une autre possibilité serait, à moyen terme, de mettre en place une police des lycées et collèges qui serait un détachement des FPN mais avec une mission spécifique. Le cours d’éducation ou d’instruction civique devrait en outre être ramené au programme académique avec un coefficient important.
Scheldon NGOULOU, Doctorant à l’Université Omar Bongo
Commentaires